A corps perdu
Je viens d’une autre vie
et porte mon pays sur le dos,
comme il arrive aux condottieres
qui gardent dans leurs fontes de cuir
un peu de cendre bleue.
Poème
de l’instant
Seulement
je comprends déjà la vérité
elle éclate dans mes désirs
et dans mes détresses
mes déceptions
mes déséquilibres
mes délires
je comprends déjà la vérité
à présent
chercher la vie
Alejandra Pizarnik, 1936-1972, Œuvre poétique , « Seulement », traduit de l’espagnol par Silvia Baron Supervielle et Claude Couffon, Actes Sud, 2005.