Allia
Les éditions Allia ont été créées en 1982. Elles comptent désormais dans leur bibliothèque près de huit cents ouvrages. Initialement, elles ont privilégié des textes négligés par les autres éditeurs ou non protégés par le copyright. Quand elles ont commencé à publier des auteurs contemporains, elles l’ont fait dans un esprit analogue : satisfaire et dérouter un lectorat avide d’« autre chose ».
3 janvier 2019
La Banlieue du monde de Gérard Berréby
Dans ce recueil d’une centaine de courts poèmes en vers libres et au style acéré, Gérard Berréby cartographie la grande comédie humaine : la nature et sa destruction par les hommes ou encore la rage politique contre une société aseptisée, société qui forme un homme nihiliste, cynique ou bêtement consommateur. Mais le passé, la mémoire et l’histoire affleurent eux aussi, notamment à travers la thématique de l’exil. L’“anxiété du départ” hante ces vers comme un spectre menaçant. Avec ces petits morceaux de (…)
16 juin 2016
Poésies 1 & 2
« On ne rêve que lorsque l’on dort. Ce sont des mots comme celui de rêve, néant de la vie, passage terrestre, la préposition peut-être, le trépied désordonné, qui ont infiltré dans vos âmes cette poésie moite des langueurs, pareille à de la pourriture. Passer des mots aux idées, il n’y a qu’un pas. »
Si on les connaît également sous le titre de Préface à un livre futur, on chercherait en vain dans ces Poésies quelque vers que ce soit. Écrites quelques mois avant la mort de leur auteur, elles commettent un (…)
1er décembre 2015
Joker et mat de Gérard Berréby
Ce recueil est une ode à ce qui est d’ordinaire caché, tu, décrié. Gérard Berréby fait fi des codes et de la pensée conformiste, invoque le hasard, la mort, la maladie, la brutalité, le sordide, prend la chair à témoin. Les mots explosent telles des grenades face à la terreur et au lugubre du quotidien, les vers sont comme des épées qui sabrent le passé et tranchent le présent. Si l’humanité est en débris, le langage est au diapason. De cette esthétique de la brièveté et de la fragmentation, découle un (…)
1er avril 2010
Nouveaux poèmes 1930 - 1934 d’Ossip Mandelstam
Traduit du russe et présenté par Christiane Pighetti.
"N’en souffle mot à personne,
oublie ce que tu as vu :
l’oiseau, la vieille, la prison
et le reste …
Car, si tu desserres les lèvres,
D’imperceptibles frissons
comme aiguilles de pin,
le jour venu, te saisiront.
Et tu te rappelleras la guêpe,
l’encre, le plumier d’enfant
à la datcha, et les myrtilles
que tu n’as jamais cueillies."
octobre (…)
1er avril 2010
Stations des profondeurs de Gérard Berréby
"les cœurs excessifs se brisent
les affinités célestes se heurtent
vision habitée
moteur de la sensibilité exacerbée
guidée par des forces intérieures
étoile inaccessible
non rien tout est calme et reposé
absent aux choses
fulgurance des sensations
ma pratique commence
là où le raisonnement et le risque de l’autre
échouent"
1er novembre 2008
Laq quatrains d’Omar Khayvam
A la mort d’Omar Khayyam, quelques centaines de quatrains sont retrouvées. Lui qui haïssait plus que tout l’esclavage de la pensée nous a légué ces poèmes qui, aujourd’hui encore, s’élèvent contre l’imposture religieuse et politique.
Eminent savant, être épris de liberté, il s’éloigne, vers trente ans, du pouvoir et de tout risque de compromission. Mathématicien et astronome, ses calculs sur l’infiniment grand l’ont rendu proche de l’infiniment petit. A force de sonder le ciel, il a mesuré la durée dérisoire (…)
1er mars 2006
Chants orphiques de Dino Campana
Traduit de l’italien et préfacé par David Bosc
L’AUTEUR : Né en 1885, l’écrivain italien Dino Campana a connu un destin tourmenté et tragique qui fait de lui un véritable “poète maudit”. Interné à plusieurs reprises à la suite de graves désordres psychiques, il passe ensuite plusieurs années en perpétuels vagabondages. En 1914, il tente de faire publier ses Chants orphiques, qui paraissent finalement à compte d’auteur. Il est définitivement interné en 1918 et meurt en 1932 à Castel Puci, près de Florence. (…)
Poème
de l’instant
Rivière je vous prie
Loin, un instant, des rives, souvenons-nous, riverains des cours de porcelaine, souvenons-nous des loges de verre, entre flammes et idoles, où se pâmaient le mythe, la révolte, les tyrannies de la fin…
Loin, à l’instant, loin du poumon fertile, c’est l’origine qui appelle avec de longs herbiers ondulant sous la nacre, laissant apercevoir des sables habités, des galaxie solubles, des à-pics de massifs coulés s’engloutissant dans le vert sombre.
Pour invoquer. Pour éveiller le dieu. Pour ne jurer de rien. Pour accueillir. Rivière.