Amina Saïd

Amina Saïd est née à Tunis (Tunisie), où elle a commencé très jeune à écrire de la poésie en français. Après des études de langues et littérature à la Sorbonne, elle enseigne à la faculté des lettres de l’université de Tunis, avant de s’installer à Paris. Elle a publié de nombreux recueils de poèmes et deux livres rassemblant des contes de Tunisie. Ses poèmes sont traduits en plusieurs langues, notamment l’espagnol et l’anglais, et sont présents dans de nombreuses revues et anthologies. La découverte de l’œuvre du grand écrivain Philippin F. Sionil José, membre fondateur du Pen Club des Philippines, l’a incitée à traduire de l’anglais sept de ses œuvres (nouvelles et surtout romans).

Extrait

(…)
j’ai fait mes premiers pas dans le limon des fleuves
on m’a ensablée vive sous un amas de dunes
on a obstrué la caverne - que mon sommeil s’éternise
on a exilé mon corps à l’intérieur de mon corps
on a effacé mon nom de tous les registres
jusqu’aux épousailles des deux rives
j’ai porté en moi le vide comme la bouche d’un noyé
décembre a disparu derrière l’horizon
j’ai appelé - seul le silence était attentif
j’ai vu les siècles s’égarer jusqu’à nous
le grenadier refleurissait entre les stèles
ma ville changeait de maîtres comme de parure
ma terre : un nuage en marge du levant
pourquoi chercher un lieu quand nous sommes le lieu
mon ombre a gravi un long chemin jusqu’à moi
un jour je suis entrée dans la maison de la langue
j’ai niché deux oiseaux à la place du cœur
j’ai traversé le miroir du poème et il m’a traversée
je me suis fiée à l’éclair de la parole
j’ai déposé un amour insoumis dans le printemps des arbres
et délivré mes mains pour que s’envolent les colombes

Extrait de "Sentier de lumière", La douleur des seuils, Paris, Éditions La Différence, 2002.

Bibliographie

Poésie

  • Chronique des matins hantés, peintures d’Ahmed Ben Dhiab, Éditions Petit Véhicule, 2017.
  • Clairvoyante dans la ville des aveugles, 17 poèmes pour Cassandre, Éditions Petit Véhicule, 2015.
  • Le Corps noir du soleil, Éditions Rhubarbe, Auxerre, 2014 (sélection finale pour le Grand Prix de poésie pour l’ensemble de l’œuvre, Société des gens de lettres, session de printemps, 2015).
  • Les Saisons d’Aden, Éditions Al Manar, 2011.
  • The Present Tense of the World : Poems 2000-2009, traduction et préface de Marilyn Hacker, Éditions Black Widow Press, Boston, 2011.
  • L’Absence l’inachevé , Éditions La Différence, 2009.
  • Tombeau pour sept frères, Éditions Al Manar, Calligraphies d’Hassan Massoudy, 2008.
  • Au présent du monde, Éditions La Différence, Paris, 2006.
  • Arenas Funámbulas, traduction de par Myriam Montoya, Fundacion Editorial El Perroy y La Rana, Ministerio de la Cultura, Caracas, 2006.
  • L’horizon est toujours étranger, CD, Paris, Éditions Artalect, 2003.
  • La douleur des seuils, Éditions La Différence, 2002.
  • De décembre à la mer, Éditions La Différence, 2001.
  • Gisements de lumière, Éditions La Différence, 1998.
  • Marcher sur la terre, Éditions La Différence, 1994.
  • L’Une et l’Autre Nuit, Chaillé sous les ormeaux, Éditions Le Dé Bleu, 1993, Prix Charles Vildrac, Société des gens de lettres, 1994.
  • Nul Autre Lieu, Éditions Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1992.
  • Feu d’oiseaux, Marseille, Revue Sud, n°84, Prix Jean Malrieu, 1989.
  • Sables funambules, Éditions Arcantère, Écrits des forges, Trois-Rivières, Québec, 198.
  • Métamorphose de l’île et de la vague, Éditions Arcantère, 1985.
  • Paysages, nuit friable, Éditions Barbare, 1980.

Contes de Tunisie

  • Demi-Coq et compagnie, Éditions L’Harmattan, 1997.
  • Le Secret, Éditions Critérion, 1994.

Traductions de l’anglais (Philippines) d’œuvres de F. Sionil José

  • José Samson, Éditions Fayard, 2007.
  • Les Prétendants, Éditions Fayard, 2005.
  • Le Dieu volé, Éditions Critérion/Unesco, 1996, 2004.
  • Viajero, le chant de l’errant, Éditions Critérion, 1997, 2004.
  • Mon Frère, mon bourreau, Éditions Fayard, 2003.
  • À l’ombre du balete, Éditions Fayard, 2002.
  • Po-on, Éditions Fayard, 2001.