Anna de Noailles

Anna de Noailles, de son nom de naissance Ana-Elisaveta Bibescu Basarab Brâncoveanu, naît le 15 novembre 1876 à Paris, au 22, boulevard de La Tour-Maubourg.

Petite fille du prince valaque Gheorghe Bibescu et de la princesse Zoe Basarab-Brâncoveanu de la dynastie des Craiovescu, Anna naît au cœur d’une famille très aisée de la noblesse roumaine. Son père, le boyard Grigore Bibescu Basarab Brâncoveanu, est déjà âgé de 50 ans lorsqu’elle naît, sa mère, quant à elle, a 29 ans. D’origine phanariote, c’est-à-dire issue d’une famille aristocratique de confession chrétienne orthodoxe vivant dans le quartier du Phanar à Constantinople, sa mère est pianiste.

Très jeunes, Anna, son frère ainé Constantin ainsi que sa sœur cadette Hélène, mènent une vie privilégiée, entourés de nombreux précepteurs. Tous reçoivent donc leur instruction au sein du foyer familial, apprenant l’anglais, l’allemand, le français, le roumain et le grec, et découvrant divers arts, particulièrement la musique et la poésie. Leur tante Hélène Bibescu, mécène et pianiste roumaine reconnue à Paris, joue également un rôle important dans cette éducation artistique. L’hiver, la famille Bibescu vit à Paris au milieu de la vie artistique de la capitale. Le reste de l’année, elle part vivre dans sa propriété nommée la Villa Bessaraba située à Amphion, près d’Évian, sur la rive française du lac Léman. Ces mois passés au plus près de la nature auront une grande incidence sur la poésie d’Anna, semblant grandement préférer la tranquillité des bords de lac au bruit incessant de la ville.

Le 17 août 1897, alors âgée de 19 ans, Anna épouse le quatrième fils du septième duc de Noailles, le comte Mathieu de Noailles. Couple éminent au sein de la haute société parisienne, Anna et Mathieu auront un fils, Anne Jules, né en 1900.

Anna publie son premier recueil bellement intitulé Le cœur innombrable en 1901.

Dès 1904, Anna fait la connaissance de nombreuses intellectuelles telles que Jane Dieulafoy, Julia Daudet, Jeanne Loiseau, Judith Gautier, fille de Théophile Gautier. Ensemble, elles créent le prix « Vie Heureuse », issu de la revue La Vie heureuse et récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en vers. Ce prix deviendra le prix Femina en 1922.

Anna tient un salon sur l’avenue Hoche où se rassemble l’élite intellectuelle et artistique de l’époque. Elle accueille entre autres, Francis Jammes, Edmond Rostand, Pierre Loti, Frédéric Mistral, Paul Claudel, Colette, André Gide, Maurice Barrès, René Benjamin, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Léon Daudet, Paul Hervieu, l’abbé Mugnier ou encore Max Jacob,et François Mauriac.

À cette période, bien que mariée, Anna est également la muse du jeune poète et normalien Henri Franck, cousin de l’historien Emmanuel Berl. Mais Henri meurt de tuberculose à l’âge de 23 ans, le 25 février 1912.

En 1909, c’est au tour du neveu de Maurice Barrès, Charles Demange, de s’éprendre éperdument d’Anna. Ce dernier, dont les avances n’intéressent guère la poétesse, se suicide en août 1909 laissant derrière lui cette lettre, dédiée à Anna :

« Je me tue.

Je vous ai follement aimée. Votre amitié était le mieux que je puisse rencontrer sur terre.
Merci – et merci à mon oncle qui m’a fait vous connaître. »

Anna est immédiatement rendue responsable de cette mort.

Le 12 avril 1921, Anna enregistre J’écris pour que le jour et Jeunesse aux Archives de la Parole, documents sonores conservés à la Bibliothèque nationale de France.

À partir de 1925, Anna se met à fréquenter le salon littéraire du docteur Henri Le Savoureux et de son épouse, aux côtés de l’abbé Arthur Mugnier, Marthe Bibesco, cousine d’Anna, Berenice Abbott, Henri de Régnier, Julien Benda, Édouard Herriot, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Fautrier, Vladimir Jankélévitch, Paul Morand, Jean Paulhan, René Pleven, Francis Ponge, Jacques Audibert, Claude Sernet, Marc Bernard, Gaëtan Gatian de Clérambault, Paul Valéry, Jules Supervielle et Marc Chagall.

Anna meurt le 30 avril 1933 à l’âge de 56 ans, dans son appartement du 40, rue Scheffer et est inhumée à Paris au cimetière de Père-Lachaise.

Bibliographie

Éditions récentes

  • Passions et vanités, Chroniques pour Vogue, Éditions Manucius, 2020.
  • Correspondance (1911-1931), Avec Jean Cocteau, Éditions Gallimard, 2019.
  • La Domination, Le Livre de Poche, 2017.
  • Les Climats, Éditions Hachette, 2016.
  • La nouvelle espérance, Le Livre de Poche, 2015.
  • Anthologie poétique et romanesque, Le Livre de Poche, 2013.
  • L’offrande, Éditions de la Différence, 2012.
  • Les innocentes ou la sagesse des femmes, Éditions Buchet Castel, 2009.
  • Le livre de ma vie, Éditions Bortillat, 2008.
  • Passions et vanités, Éditions L’Harmattan, 2005.
  • Le Visage émerveillé, Éditions du Rocher, 2004.

Poésie

  • Derniers Vers, 1933.
  • Exactitudes, Éditions Grasset, 1930.
  • Choix de poésies, Fasquelle, 1930.
  • Poèmes d’enfance, 1929.
  • L’Honneur de souffrir, 1927.
  • Passions et Vanités, 1926.
  • Les Climats, 1924.
  • Poème de l’amour, 1924.
  • Les Forces éternelles, 1920.
  • Les Vivants et les Morts, 1913.
  • De la rive d’Europe à la rive d’Asie, 1913.
  • Les Éblouissements, 1907.
  • L’Ombre des jours, 1902.
  • L’offrande à la nature, 1901.
  • Le Cœur innombrable, 1901.

Romans

  • La Domination, 1905.
  • Le Visage émerveillé, 1904.
  • La Nouvelle Espérance, 1903.

Nouvelles

  • Les Innocentes ou la Sagesse des femmes, 1923.

Autobiographie

  • Le Livre de ma vie, 1932.