Aujourd’hui
Journal au bord
Auteur : Sapho

Aujourd’hui débute de façon contemplative. Sapho est à Rome, en résidence à la Villa Médicis. Elle découvre la ville derrière « les pins parasols à coiffure romantique ». Mais tandis que « filent les nuages couleur de vent », le monde bruisse à sa porte. « Mon aujourd’hui n’est pas ton aujourd’hui », écrit-elle. Et l’on comprend que les « dizaines de milliers de secondes » qui s’égrènent génèrent autant d’aujourd’hui qu’il y a d’êtres humains occupés à vivre en même temps. La quiétude des lieux est alors troublée par le bruit de fond de la télé et le télescopage des pensées, avant que l’évocation des attentats perpétrés à Paris le vendredi 13 novembre ne fasse exploser le présent dans un fracas. Devant son clavier, Sapho tente de figer les 24 heures d’une vie en prise avec le temps. Un texte électrique, halluciné, qui secoue la langue de sa torpeur.
« Et tandis que filent les nuages
couleur de vent
tandis que brise évanescente
peigne les grands arbresmon aujourd’hui
n’est pas ton aujourd’huicelui de chacun
de milliards d’autres
combien d’aujourd’hui en un ? »
Texte de l’éditeur.
Paru le 7 mars 2019
Éditeur : Editions Bruno Doucey
Poème
de l’instant
Je suis la fille du baobab brûlé
Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs dialogue des corps
Le voyage est infini sur les routes de lumière
Le vin des amants est un baiser mortel
Au chant de la bien-aimée
Un soupir rend l’éternité
Mêlant l’anatomie des sens
Notre histoire refuse la chronique des héros
Le sexe humide du poème
Nourrit l’espérance du monde
Nous arriverons ensemble
Nous cheminerons ensemble
Nous partirons ensemble
Au contrepoint de la terre
Ce qui n’est à personne est à moi
J’embrasse le crépuscule d’eau
Je suis debout au flanc des nuages
Je respire l’air frais du soir
Tant qu’il y aura une étoile
Je brillerai avec ma chanson
Et je chanterai à voix de tête