Aujourd’hui combien d’heure…
Aujourd’hui combien d’heures tombent, tombent
dans le puits, dans la nasse, dans le temps :
elles sont lentes mais ne prennent de repos,
elles tombent, se rassemblant
au début comme des poissons,
puis comme des pierres lancées ou des bouteilles.
En bas, les heures
avec les jours s’entendent,
avec les mois,
avec les souvenirs fumeux,
avec des nuits désertes,
des femmes, des habits, des trains et des provinces,
le temps
s’accumule, et chaque heure
se dissout en silence,
s’effrite et choit
dans l’acide aux vestiges,
dans les eaux noires
dans la nuit sens dessus dessous.
Pablo Neruda, La rose détachée , traduction de Claude Couffon, Gallimard, 1979
Poème
de l’instant
Gardez-les pour l’amour
Gardez-les pour l’amour
ces poèmes ces murmures
ils sont faim souveraine
contre l’usure du monde et des mots
ils sont l’humus des mémoires et des gestes
et le brûlé des choses