Benjamin Fondane, au temps du poème de Patrice Beray
"Comme un poème ravi, confisqué à la fin par les sirènes de l’Histoire, l’œuvre poétique en langue française de Benjamin Fondane a été tenue à l’écart de la pensée de la modernité. Les raisons en sont multiples, qui appartiennent tout autant, avec la brutale disparition du poète, à une genèse éditoriale chaotique qu’à une écriture en perpétuelle recherche et à une pensée sans pareille, véhémente, sur l’art.
Ainsi cette œuvre ne doit qu’à sa force de création d’exalter le « temps du poème », depuis Dada et la pensée de la tragédie de Chestov. C’est dans le sens de ce poème de la vie toujours à inventer que l’œuvre de Fondane témoigne pour une récriture de l’histoire contemporaine, littéraire et artistique, qu’elle n’a pas seulement « connue » mais « vécue », à ses risques et périls."
P. B.
Poème
de l’instant
L’Angelus Des Sentes
Je me suis dérobé pour un temps, aux goguenardes clameurs humaines. Heureux de vivre dans le pur enchantement des rossignols et des brises, j’ai gagné la cabane aux murs blancs, au toit de chaume jauni, bâtie ainsi qu’un nid lumineux, au-dessus des torrents.