Bernard Noël poète épithélial par Régime Détambel

A la suite d’une génération de poètes épithéliaux, Barnard Noël fait du corps et de sa peau le fondement de son activité littéraire et poétique.
Comme il l’affirme dans Les Etats du corps, "le corps est une carrière à mots et ses explorateurs assurent que là, sous la peau, il y a de quoi refaire la langue."
Poème
de l’instant
« Un peu »
bonheur ? – « Un peu »
béatitude – « Un peu » :
ô murmure : comme vent – du soleil :
de pain – un peu… et de lumière du jour… –
et du petit bruit des hommes
comme d’une nourriture – pour la Mort prête… –
que nous la rencontrions paisiblement
comme si nous étions tous toujours sur tout seuil –
en fraternelle souffrance… –
ô notre liberté !… – lueur d’âme :
simple :
« Un peu »
1975
Aïgui, « Un peu », Festivités d’hiver, traduit du russe par Léon Robel, Les Éditeurs français réunis, 1978.