Brefs Déluges
de Sébastien Févry

Parfois, on ne sait pas ce qui brûle. On voudrait ne pas savoir. Les flammes gardent le secret de ce qu’elles consument, mais pas toujours. Il leur arrive de révéler les contours d’une forme sans substance ou plutôt dont la substance a été anéantie par le feu. Sur l’asphalte alors : des cercles noircis, des chiffons de cendre. Cela par les soirs de colère, quand les incendies continuent de battre des paupières.
Poème
de l’instant
« Les roses de Saadi »
J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée :
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.