« Chanson »

Connais-tu son amour ?
C’est comme une pluie fine qui tombe
Et l’on marche sans se rendre compte.
Mais on sent qu’au bout de quelque temps
On est mouillé jusqu’à l’âme.
Son amour est ainsi.

« Chanson », Traduction de Gérard Chaliand, Anthologie de la poésie populaire kurde, Éditions de l’Aube, 1997.

Poème
de l’instant

Georges Didi-Huberman

Survivance des lucioles

Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes - en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur - devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensée à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle.

Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles, Éditions de Minuit, 2009.