Christopher Okigbo

Poète nigérian, Christopher Okigbo a publié un seul livre, Labyrinths, dont un certain nombre de poèmes préfigurent la guerre du Biafra, dans une langue poétique incantatoire, à l’immense pouvoir de suggestion. La dimension épique de ces poèmes inspirés par la situation explosive du Nigeria dans les années 1960 fait corps avec la quête métaphysique du poète. En 1967, beaucoup d’intellectuels nigérians sont impliqués dans la sécession du Biafra. Alors déjà considéré comme l’un des meilleurs poètes de sa génération, il est le seul à s’engager dans l’armée pour défendre ses idées. Okigbo est tué sur le front en 1967, à 35 ans.
Chimamanda Ngozi Adichie est particulièrement attachée à son œuvre et a écrit une introduction pour l’édition anglaise de Labyrinths.

Extrait

Je vois de multiples couleurs dans les dents salées de l’écume
Qui n’est pas un endroit à affronter sous le clair-obscur
L’arc-en-ciel disent-ils est rempli d’harmonies
Nous prendrons un virage gris pour l’affronter.
Des vents violents vocifèrent contre nous
Nous avalerons notre cœur dans notre ventre
Davantage de rides sur le visage salé du verre
Le balai des vents déblaie seulement la surface.
J’entends de multiples voix alentour de nous
Nous porterons l’habit vert des noix de kola
Le martin-pêcheur ramasse ses cordes à distance
L’eau salée les ramasse en elle
Les pales plongeantes des pagaies, les dauphins inconstants
L’eau salée les ramasse en elle.
L’eau va-t-elle nous ramasser dans sa chambre sibylline ?
Et nos silences s’estomper en antilopes galopantes ?

Bibliographie

  • Labyrinthes, Éditions Gallimard, 2020.
  • Poèmes d’Afrique au Sud du Sahara 1945 – 1995, anthologie établie par Bernard Magnier, Éditions Actes Sud, 1995.
  • Collected Poems, 1986.
  • Labyrinths, Éditions Heinemann, 1971.
  • Poems : Four Canzones, publié dans le périodique « Black Orpheus », 1968.
  • Limits, publié dans le périodique « Transition », 1962.
  • Heavensgate, 1962.