Claude Ber

Claude Ber, née à Nice, vit à Paris. Principalement poète et auteur dramatique, elle a publié une quinzaine de livres, auxquels s’ajoutent livres d’artistes, publications en anthologies et en revues. Agrégée de Lettres, elle a enseigné les lettres et la philosophie en lycée et en université puis a occupé des fonctions académiques et nationales au Ministère de l’Education Nationale. A ses cours et ateliers notamment à Sciences Po. et à la Sorbonne s’adjoignent de nombreuses interventions et lectures en France et à l’Etranger dans le cadre de colloques universitaires, de festivals et de manifestations de poésie.

Parmi ses publications en poésie et en théâtre :
La Mort n’est jamais comme (Prix International de poésie Ivan Goll), L’Inachevé de soi, Méditations de lieux Sinon la Transparence, La Prima Donna suivi de L’Auteurdutexte, Orphée Market, Monologue du preneur de son pour sept figures, Ed. de l’Amandier, Vues de vaches, Éd. de l’Amourier, Lieu des Epars, Ed. Gallimard etc.

A cela s’ajoutent livres d’artistes, publications collectives et nombreuses parutions en revues, sites et anthologies dont Couleurs femmes, Métamorphoses, Anthologie Poésie de langue française, Anthologie Bipval 2011 Action Poétique etc…

Des études universitaires et des revues, dont récemment Nu(e) n° 51, ont été consacrées à son écriture.
Agrégée de Lettres, elle a enseigné les Lettres et la Philosophie en lycée et en université puis occupé des fonctions académiques et nationales ; elle intervient actuellement à Sciences Po. et à la Sorbonne et donne de nombreuses lectures et conférences en France et à l’Etranger. Ces lectures sont rassemblées dans Libres Paroles II et Aux dires de l’écrit Ed. Chèvre Feuille Etoilée. Membre d’associations pour le développement de la culture, de l’éducation et la défense des droits de l’homme, dont le Forum Femmes Méditerranée UNESCO, elle a été décorée de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son parcours.

Extrait

- I-

ainsi des bribes

ainsi des bribes
reste de
et mon langage - ou le poème - de même
tendu aux temps doubles du passé et de l’avenir
retranché du présent
de même que moi retranchée, tranchée deux fois
demeurant aux trous ouverts de la bouche du sexe et de la tombe

ainsi des moments de croyance à la lisière de la certitude
dans l’intimidation douloureuse de la pensée
d’une parole faisant péché de la pensée
moi disant dedans entêtée acharnée
Gedanken ist frei Gedanken ist frei Gedanken ist frei
tel un mantra pour que ne soit aucunement jamais débusquée ma pensée
je pensais
retranchée, tranchée deux fois pour que ne soit empêchée ma pensée

ainsi tel un apaisement dans l’hystérie de l’arasement de la pensée
parlant muet parlant silence pensant silence
sans chercher à trancher
de toute façon retranchée, tranchée deux fois
sans coutelas pour tailler découper diviser
- à peine un terreau de lèvres ébréchées -
moi qui suis de toute façon retranchée, tranchée deux fois
laissant être ce qui est multiplement dans l’indivis de la pensée
moi tranchée retranchée tant de fois soustraite
de moi de tant soustraite
je parle sans parce que pas de
là bas où rien et encore trop ce rien
comme chantant obstinément à voix absente
en mots réduits à l’ordre du silence
les joignant nous joignant
en ce qui balbutie

II-

anamorphose

de nouveau vacillement de nouveau incertitude
ou encore anamorphose comme
une folie de la raison et une raison de la folie dans l’ombre portée de l’une sur l’autre
dans ce qui les courbe mathématiquement l’une vers l’autre
de nouveau mort et vie raison et folie abouchées l’une à l’autre et cette anamorphose de l’esprit ployé à l’autre de lui-même
alors que familières intimes sont mort et vie raison et folie
ou encore voisines et habituelles - nous tous habitués à elles -
mais la jeune femme dansante heureuse dans l’insouciance se tétanise de soubresauts

de nouveau mourant la mort et affolée la folie et vivante la vie
dans cela qui peut être inhumainement l’horreur ou encore humainement l’horreur
qui est inhumainement l’humain
humainement l’inhumain
humainement inhumainement extase et horreur
dans cet à peine de parole comme
la ligne tendue d’ une parole étrangère à la parole
sur ce fil de nouveau sur ce fil je peine à tenir
tombant
dans ce lieu sans tombée qu’est le dégringolé de la parole

de nouveau la mort qui fait de toute forme habitacle
et d’un redent de ciel la caverne qui couve anguilles murènes aspics de connaissance - dont se paye le prix sans proportion au gain -
de nouveau la folie qui fait de toute forme l’exorbité de la forme comme
des yeux voyant des quarks ou des talons posés - prudemment car si déroutés - dans les ondulations de Rieman ou de Lobatchevsky
ou encore quand se dévident langues et espaces à rebours d’eux-mêmes
je pile dans un mortier mort et folie en même temps que peur et douleur plénitude et jouissance
et cette pâte ou encore terre pétrie de vivants et de morts ou encore argile originelle
est une manne à la trachée
une hostie à l’urne des avalants
de nouveau et encore
dans ma bouche la parole

Poèmes extraits de « La Mort n’est jamais comme » ed. Via Valeriano – Léo Scheer 2003

Bibliographie

Poésie

  • La mort n’est jamais comme, Éditions Bruno Doucey, 2019.
  • Épitre Langue Louve, Éditions de l’Amandier 2015.
  • Les Pourpres, Livre d’artiste texte Claude Ber, peinture Anne Slacik, Éditions AEcrages 2015.
  • Franchir, Livre d’artiste, texte Claude Ber, peintures Robert Lobet, Éditions de la Margeride 2015.
  • Paysages de cerveau, texte Claude Ber, photographies Adrienne Arth, Éditions Fidel Anthelme 2015.
  • L’atelier de Marc Giai-Miniet, Maison de la Poésie de Saint Quentin en Yvelines, 2013.
  • Monologue du preneur de son pour sept figures, Éditions de l’Amandier 2013.
  • L’inachevé de soi, Éditions L’Amandier, 2013.
  • Aux dires de l’écrit, Éditions Chevrefeuille étoilée, 2012.
  • Méditations de lieux, Éditions L’Amandier, 2010.
  • Le livre, la table, la lampe, Éditions Le Grand Incendie, 2010.
  • Sinon la transparence, Éditions L’Amandier 2e édition, 2009.
  • Ficelle n°91, le nombre le nom, Éditions Vincent Rougier, 2009.
  • L’Inachevé de soi, avec des peintures de Pierre Dubrunquez, Éditions de l’Amandier 2009.
  • Vues de caches, avec des photos de Cyril Derouineau, Éditions L’Amourier, 2009.
  • Autre Sud n°42, Éditions Autres Temps, 2008.
  • Sinon la transparence, Éditions L’Amandier, 2008.
  • La Mort n’est jamais comme, Éditions de l’Amandier 2e édition, 2006. (Prix International de poésie Ivan Goll)
  • La Prima Donna suivi de L’Auteur du texte, Éditions de l’Amandier 2e édition, 2006.
  • Orphée Market , Éditions de l’Amandier 2006.
  • Rotrouange des bien aimés, édition franco-russe, traduction Anne Arc, illustrations de Serge Chamchinov, Éditions de bibliophilie contemporaine Transignum 2006.
  • Monologue du preneur de son pour sept figures, Éditions Via Valeriano- Léo Scheer, 2003.
  • Libres paroles, Éditions Le Chèvre Feuille Étoilée, 2003.
  • Alphabêtes, Éditions Lo Païs d’Enfance 1999.
  • Indianos, Éditions Cahiers de l’Égaré 1990.
  • Lieu des Epars, Éditions Gallimard 1978.

Parmi les publications collectives et anthologies

  • Du feu que nous sommes, anthologie, Éditions Abordo, 2019.
  • L’Année Poétique 2008, Anthologie Séghers, Éditions Séghers 2008.
  • Estampillé, Éditions de bibliophilie Transignum 2008.
  • Anthologie Amicale des Poètes des Parvis Poétiques, Éditions La passe du vent juin 2007.
  • Pixels, Livre d’artistes, Éditions Presse Papier Trois Rivières Québec, mars 2005.
  • Métamorphoses, Le Printemps des Poètes, Éditions Seghers Poésie d’abord 2005.
  • Je ne connais l’Algérie que d’oreille, in Couleurs Solides, Éditions Marsa, 2003.
  • Pour respirer, in la Langue à l’œuvre, textes de V. Novarina, Fr Bon, Leslie Kaplan, C. Ber etc. rassemblés par Patrick Souchon, Éditions Maison des Ecrivains- Presse du réel 2001.
  • Contribution passagère, in Les Écritures scéniques, Éditions Entretemps, 2001.
  • Poésie et sagesse in La sagesse, Éditions Autrement, 2000.
  • Offrandes et mantras in Une œuvre de Georges Autard, Éditions Muntaner (textes de F Bazzoli, Michel Butor, J.M. Di Falco, Camille Guichard, Daniel Humair etc.), 1994.
  • Le concentrique, in Superfuturs, Éditions Denoël, 1986.

Parmi les textes mis en scène

  • Monologue du preneur de son pour sept figures, théâtre, Éditions de l’Amandier, 2014 .
  • Ce qui reste parfois je l’appelle poème, textes extraits de La mort n’est jamais comme, spectacle conçu et mis en scène par Eric Garmirian consacré à l’œuvre de Claude Ber dans la cadre de Poésyvelines. Création Collectif 12 Mantes La Jolie 17/10/06.
  • Orphée Market, mise en scène Agnès Sajaloli, création le 3/10/2005 à L’Equinoxe, scène nationale de Châteauroux, reprise en 2006 Scène Nationale d’Evry.
  • Monologue du preneur de son pour sept figures, mise en scène Mathieu Cipriani création Théâtre de la Minoterie à Marseille le et au Théâtre Antoine Vitez à Aix, avril 2003.
  • Le Voleur d’amour, Création Opéra de Massy avril 1999.
  • Le Lac d’Argent de Kaiser traduction de C. Ber en collaboration avec Roland Krebs création Opéra de Massymise en scène d’Olivier Desbordes , 1998, Carré Sylvia Montfort Paris, 2004.
  • Espace-vous, textes extraits de Sinon la transparence mise en scène de Jean-Pierre Raffaelli, musiques de Giovanna Marini et Georges Aperghis, avec Frédérique Wolf-Michaux, création Théâtre de la Minoterie à Marseille avril 1995.
  • La Prima Donna et Espace-Vous mise en scène de Jean-Pierre Raffaelli, avec Frédérique Wolf-Michaux, Scène Nationale du Merlan à Marseille, tournée de deux ans en France et à l’étranger, nov 1995.
  • Indianos, mise en scène Ivan Romeuf Festival des Iles à Marseille juillet 1991.
  • L’Auteur du texte, mise en scène Véra A. Loubime avec Ivan Romeuf, Théâtre de Lenche à Marseillemars 1989.
  • Dialogue du désert et de la source, texte extrait de Sinon la transparence, mise en scène de Jean-Pierre Raffaelli, création Scène Nationale de La Criée à Marseille, mai 1988.

Revue

  • Autre Sud n°42, consacrée à l’œuvre de Claude Ber, Autres Temps, 2008.