Colorature
Auteur : Alain Duault

Les acrobaties vocales ajoutées par les artistes aux airs qu’ils interprètent prennent le nom de colorature, ainsi que la voix et l’artiste qui les pratiquent. Ainsi de ce poème qui se déploie à la façon d’une partition d’opéra, divisé en prélude, air, romance, cavatine, etc. Sur un fond de mise en scène et de dramatisation, les fastes de l’art lyrique sont évoqués, avec ses hauts lieux : la Scala, Covent Garden, la Fenice, les personnages féminins du répertoire : Elvire, Lucie de Lammermoor, Salomé, Mélisande et leurs prestigieuses interprètes : la Pasta, la Malibran, Nilsson, Ludwig, Schwartzkopf, pour célébrer une femme nommée Marie-Soleil qui est sans doute la projection fantasmatique de la grande diva du siècle : Maria Callas.
Poème
de l’instant
Midi
Homme, si, le cœur plein de joie ou d’amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume :
Rien n’est vivant ici, rien n’est triste ou joyeux.
Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l’oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,
Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le cœur trempé sept fois dans le Néant divin.