Cortège de masques de Walter Helmut Fritz

Cortège de masques de Walter Helmut Fritz

Traduit de l’allemand par Adrien Finck, Maryse Staiber, Claude Vigée

Collection d’Une voix l’autre.

Le souhait d’être homme de peu de paroles. Pourquoi ? Parce que tout est sans rive, insondable, infini. Les phénomènes les plus simples. Les contradictions irréductibles. Les auto-illusionnements, pièges, cercles vicieux. Les illusions que l’on a, dont on veut se débarrasser, tout en ayant besoin de leur présence. Heine : " J’avais trop bon caractère pour rompre moi-même avec mes erreurs anciennes. Je les ai emportées, dès le départ. On ignore à quoi elles peuvent servir."

Paru le 1er décembre 2004

Éditeur : Cheyne

Genre de la parution : Version bilingue

Poème
de l’instant

Stèles

La cime haute a défié ton poids. Même si tu ne peux l’atteindre, que le dépit ne t’émeuve : Ne l’as-tu point pesée de ton regard ?
La route souple s’étale sous ta marche. Même si tu n’en comptes point les pas, les ponts, les tours, les étapes, - tu la piétines de ton envie.
La fille pure attire ton amour. Même si tu ne l’as jamais vue nue, sans voix, sans défense, - contemple-la de ton désir .

*

Dresse donc ceci au Désir-Imaginant ; qui, malgré toutes, t’a livré la montagne, plus haut que toi, la route plus loin que toi,
Et couché, qu’elle veuille ou non la fille pure sous ta bouche.

Victor Segalen, Stèles, « Stèle au désir », 1912.