Courir

Cécile Coulon

La course, la vraie, est une fureur carnivore. Un astre brûlant caché dans les jointures du corps ; elles grincent, la nuit, comme un miracle froissé. Une force qui rugit, à laquelle nous sommes forcés de croire puisque qu’il n’y a qu’elle qui puisse suspendre aux crochets des montagnes des femmes et des hommes emplis de cette beauté brutale qui ne supporte ni la lenteur, ni les cris, ni ces bouquets d’amnésie qu’on s’offre pour éviter d’avoir mal. »

Cécile Coulon extrait de « Courir », Les ronces, Éditions Le Castor Astral, 2018

Poème
de l’instant

L’Impossible

La poésie révèle un pouvoir de l’inconnu. Mais l’inconnu n’est qu’un vide insignifiant, s’il n’est pas l’objet d’un désir. La poésie est moyen terme, elle dérobe le connu dans l’inconnu : elle est l’inconnu paré des couleurs aveuglantes et de l’apparence d’un soleil.

Ébloui de mille figures où se composent l’ennui, l’impatience et l’amour. Maintenant mon désir n’a qu’un objet : l’au-delà de ces mille figures de la nuit.

Georges Bataille, L’Impossible, Éditions de Minuit, 1962.