Ecrits et dessins de nuit
Auteur : Virgile Novarina

Sur le tard, il lui arrivait de dire qu’il ne voyait jamais d’étoiles fixes et fières dans les ténèbres, ça n on, surtout pas.
Qu’il ne traquait pas non plus les rêves, ces nuages gorgés de la pluie du sens caché, en général assez ventrus, et qui tout à coup s’épanchaient.
Quel e seule chose qui l’aimantait vraiment, c’étaient les éclats, les reflets, les copeaux de lumière qui se déplaçaient sans cesse dans son sommeil, dansaient, tournaient dans tous les sens, infatigables, à une vitesse impensable.
Les fusées.
Les poissons filants.
De l’eau de ses nuits.
Au corps glissant, insaisissable ou presque.
Et il avait pourtant une sorte de plaisir fou à les pister tout en dormant, à réussir à les attraper, à les rapporter sur la berge, à les hjeter là encore chauds :
ils étaient soudain si inouïs et si simples,
si flagrants,
posés là maintenant, sur la page,
que la lumière ordinaire du jour et de l’esprit en était toute chavirée.
Préface de Franck André Jamme
Poème
de l’instant
L’homme désert
Il n’y a pas d’aigle sans désirs.
Il n’y a pas d’aveugle sans regard.
Il n’y a pas de Bonheur.
Mais il n’y jamais ce chant tournoyant et délivrant, cette Parole de toujours, cette terrasse de splendeur portée entre les bras du jour, il n’y a pas ce chant et cette bouche qui chante, et ce corps qui chante cette bouche, et ce désir qui chante ce corps qui l’emporte à sourire, s’il n’y a pas Celle même qui attend encore, au milieu des palmes et des pluies, d’être déliée de son ombre.