Éditions Bruno Doucey
On pourrait penser qu’une maison d’édition qui voit le jour n’a pas de mémoire, qu’elle n’est pas encore entrée dans l’Histoire. Ce n’est pas le cas pour les Éditions Bruno Doucey. À leur manière, ces dernières ont déjà une histoire parce qu’elles entretiennent une filiation avec une maison d’édition que j’ai longtemps dirigée, avant de devoir rendre les armes : les éditions Seghers, nées à la fin de la Seconde Guerre mondiale des valeurs de la Résistance et de la Libération. Leur récente mise en sommeil a renforcé ma détermination à créer une maison indépendante, libre de ses options et de sa politique éditoriale.
Une poésie vivante et généreuse, ouverte et offerte à tous, une poésie qui ouvre nos horizons et nous rend plus forts ensemble, voilà la poésie que cette nouvelle maison d’édition veut promouvoir.
Poète, éditeur de poètes, j’entends d’abord faire découvrir les richesses insoupçonnées des poésies du monde. Les premiers livres donnent le ton : les poètes que nous publions proviennent de tous les continents : de France bien sûr, mais aussi des États-Unis, d’Irak, du Canada, d’Haïti… Et nous préparons déjà, pour les années à venir, d’autres voyages autour du monde. À l’heure où la France fait valoir les prérogatives de son Identité nationale, nous tenons à rappeler que la langue française ne possède ni cadastre ni titre de propriété. Elle est un espace libéré des frontières où chaque être repousse les limites de l’horizon d’autrui.
Poésie de combat, en somme ? Oui, dès lors que nous apprenons à métisser nos héritages culturels et humains pour bâtir un nouvel art de vivre ensemble. Et puisque nous rééditerons dès l’automne les poèmes qu’il écrivit pendant la Résistance, laissons à Pierre Seghers le soin de conclure par ces mots :
« Si la poésie ne vous aide pas à vivre faites autre chose.
Je la tiens pour essentielle à l’homme,
autant que les battements de son cœur. »
26 mai 2023
Dans une région obscure
Édition bilingue coréen / français. Traduit par Kim Hyun-ja.
« Maintenant tu es de retour au lac Tana. Le lac Tana, qui est , dit-on, le pus beau lac du monde, étend ses eaux débordantes dans une région obscure de ma cavité thoracique. Pour l’atteindre, il faut traverser le diaphragme où remontent sans cesse les élans du chagrin. Par-delà cette zone critique de la douleur, derrière l’horizon, sur deux îles arrondies comme des seins, un monastère isolé… (…)
26 mai 2023
Au cœur de la maison
Édition bilingue ukrainien / français. Traduit par l’autrice et Bruno Doucey.
« colliers de jours identiques
matins d’espoirs soirs de fatigue
jours gris comme perles de pluie
fil après fil
le temps de la guerre tresse sa corde
entre un ville et une autre ville
entre hier et demain
entre pouvoir et devoir
notre amour vaillant
funambule au-dessus de l’abîme »
12 mai 2023
J’écris blessure
Édition bilingue persan et français.
Traduit du persan (Iran) par Farideh Rava.
J’écris blessure
Et je la ferme
Avec une blessure plus ancienne
Car j’ai vu
Que lorsqu’on torture le ciel
Il devient encore plus bleu
Quand on torture la mer
Elle devient encore plus profonde
J’écris porte
Et je l’ouvre
Pour que tu entres
12 mai 2023
Dans ma chevelure
Édition bilingue persan et français.
Traduit du persan (Iran) par Farideh Rava.
Elle évoque les mains qui caressent sa chevelure, le parfum d’un baiser, les êtres qui se cherchent, « le flot du sang dans les racines de l’extase ». Elle invoque le corps qui bourgeonne dans son corps, l’enfance bercée par les contes, « la voix ferme du père et le calme amoureux de la mère ». Elle révoque la guerre qui dévaste le monde, les frémissements de la peur, les sanglots, la mort que nous esquivons. Avec Roja (…)
7 avril 2023
Rimbaud vagabond
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n’a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements. (…) J’aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m’offrais au soleil, dieu de feu
D’un côté le poète, génial funambule des mots qui révolutionne la littérature ; de l’autre, (…)
7 avril 2023
Éluard amoureux
« La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur… », « Elle est debout sur mes paupières… », « Je t’aime pour toutes les femmes / que je n’ai pas connues… » : les poèmes d’amour d’Éluard ont sans doute été moins chantés que ceux d’Aragon, mais leur musique s’écoule comme une eau claire dans la mémoire de ceux qui le lisent. Il faut dire que l’amour est au coeur de son œuvre. Amour, libre et fou, qu’il vouait à Gala en pleine révolution surréaliste. Amour passion pour Nusch dont la disparition prématurée le plonge (…)
7 avril 2023
Mes forêts
mes forêts sont un long passage
pour nos mots d’exil et de survie
un peu de pluie sur la blessure
un rayon qui dure
dans sa douceur
et quand je m’y promène
c’est pour prendre le large
vers moi-même
Née au Québec en 1958, Hélène Dorion a publié une vingtaine d’ouvrages de poésie, ainsi que des romans, des récits, des essais, qui l’ont fait connaître de part et d’autre de l’Atlantique, et qui ont été traduits dans plus de dix langues. Lauréate de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le prix (…)
6 janvier 2023
Warglyphes
Des poèmes cherchant à capter la violence de la guerre et ses conséquences comme le chaos, l’exil, les ruines, la sidération et la reconstruction.
Poème
de l’instant
le soleil ne se couchera pas
le soleil ne se
couchera pas
il veut un alphabet
de page blanche