Effacement des seuils
d’Irène Duboeuf

Illustrations de Catherine Sourdillon.
Si le temps est omniprésent dans l’œuvre d’Irène Dubœuf, il apparaît ici en toile de fond, car Effacement des seuils est avant tout un livre de confins qui focalise l’attention sur cet espace instable et fragile où se rencontrent l’avant et l’après, le visible et l’invisible, où les contraires se chevauchent et parfois se confondent, à l’image de ces horizons incertains où les souvenirs mouvants naissent à fleur d’eau, où la brume estompe des paysages eux-mêmes au bord de l’effacement.
L’été siphonnait l’eau des sources
et volait un à un les miroirs d’eau perdue
entre les bras des fleuves.
Tassées le long des rives
des ombres aux pieds de plomb
cherchaient refuge sous les arbres.
Nul n’aurait osé dire où finissait la Terre
où commençait le ciel. Une lumière
liquide, jaune et funeste
réduisait l’horizon à une incertitude.
Poème
de l’instant
Lais
Tous deux comme est le chèvrefeuille
qui grimpe autour du coudrier ;
sitôt qu’ils se tiennent enlacés
il n’est plus de tronc ni de feuilles,
et peuvent alors vivre à jamais.
Mais si l’on veut les séparer,
du coudrier c’en est fini,
soudain du chèvrefeuille aussi.
« Belle amie, ainsi va de nous :
ni vous sans moi, ni moi sans vous ! »