Erwann Rougé

« Erwann Rougé est né en 1954 à Rennes et vit en Bretagne. Son écriture, au ton si singulier qu’on le reconnaît immédiatement, peut être approchée en quelques termes : toucher, respiration, nuance, nudité. Toute son œuvre, depuis L’Oubli (Calligrammes) jusqu’à Nous, qui n’oublie pas (La lettre volée), Paul Les Oiseaux (Le dé bleu) et Le Bruissement d’oubli (Apogée), tente de rejoindre ce corps inatteignable que les mots dissimulent souvent, parfois révèlent, et alors la poésie peut devenir cruelle lucidité. Il y a dans ses textes une étrangeté de la perception, hypersensible, qui à la fois tend et dénoue nos mains, nos consciences. Il a animé plusieurs festivals et ateliers d’écritures. Il a réalisé de nombreux livres avec des artistes de sa génération. Il est le fondateur et le directeur des éditions Dana- Approches. » F. Rannou

« « Le poème est une tension vers l’autre, un dialogue (…) Souvent un dialogue désespéré ». Tels sont peut-être les mots de Paul Celan qui inspirent et traduisent au mieux la motivation de l’auteur de ce recueil. Depuis de nombreuses années, Erwann Rougé tente une parole pour maintenir ce fil fragile : de l’un à l’autre. Écrire ce qu’il importe de ne pas oublier, de continuer à dire : les traces, les passages, les repères en définitive de cet autre — lui ou nous-mêmes — pour que la voix humaine ne finisse pas. C’est peut-être un rêve, mais ne faut-il pas cesser d’interroger ce paradoxe de l’altérité : cet autre — si absent. Il y a dans ce recueil l’espoir que l’on n’écrit pas en vain, puisque cet acte quotidien — avec la violence ou le désir de retrouver une parole au monde — réconcilie avec le silence, celui du poète, celui de l’autre, et rend possible le parler muet qui submerge et hante les projets de celui qui écrit pour « dire et faire livre ». Erwann Rougé tente de situer cet exil, cette folie, cet écart permanent, ce qui manque de mots. Il sent puis découvre intuitivement que l’on peut tout y perdre, que le poème est parole qui dénude de soi, vers ce quelque chose qui efface le blanc de la page. »

Nous, qui n’oublie pas . La lettre Volée - Pierre-Yves Soucy

Extrait

Longuement se taire d’âme

Dans le tremblement
l’humide brise l’humide

ce qu’il étreint de tendresse
dans l’écoulement

Le silence
la pierre de touche

ne veulent rien d’utile

Est-ce la peur ?
l’intime
appuyée contre
l’étoffe légère
le vertige

cette commotion de l’eau
la brûlure claire
(ou un désespoir)

que le coeur voit
- ne supporte plus ?

Et nous fontaine
source
- lente sucée du souffle

extrait de Nous, qui n’oublie pas

Bibliographie

  • Proëlla, Éditions Isabelle Sauvage, 2020.
  • un reste de ciel, Peinture de Anne-Marie Donaint-Bonave, Atelier de Villemorge, 2018.
  • L’enclos du vent, Photographies de Magali Ballet, Éditions Isabelle Sauvage, 2017.
  • Le perdant, Prix Georges Perros 2018, Éditions Unes, 2017.
  • Haut fail, Éditions Unes, 2014.
  • Passerelle ; carnet de mer, L’Amourier, 2013.
  • Qui sous le blanc se tait, Potentille, 2013.
  • Lisières, livre d’artiste avec des photographies de Magali Ballet, Éditions Les Mains, 2012.
  • Silva, livre d’artiste avec une photographie originale de Magali Ballet, Éditions Remarque, 2011.
  • Breuil, Éditions Al Manar avec des peintures de Marie Alloy, 2011
  • Le pli de l’air, récit, Éditions Apogée, mars 2009.
  • Donc cela, Editions l’Attentive, 2005.
  • Nous, qui n’oublie pas, La lettre volée, 2005.
  • Paul les Oiseaux, Le dé bleu, 2005.
  • L’écalure, Wigwam, 2004, Rennes
  • Bruissement d’oubli, Apogée, 2002.
  • Douve, Éditions Unes, 2000.
  • Le sommeil d’un arbre, Éditions Céphéides, 2000.
  • Pareil au faucon, Éditions Blanc Silex, 1999.
  • O Moîtra, Éditions Unes, 1997.
  • Lèvres sans Voix, ed. Unes, 1995.
  • Pour si lents tes yeux, Aréa-livres de Alin Avila, 1994.
  • Les Forêts, Éditions Unes, 1992.
  • Corneille, Éditions Unes, 1986.
  • Amour neige d’oubli, Éditions Calligrammes, 1983.

Livres à tirage limité (sélection)

  • Buisson soleil, gravures de Maya Memin, 1998.
  • Le sommeil d’un arbre, Éditions Céphéides, 2000.
  • Serrer la cendre, Éditions Remarque avec Thierry Le Saëc, 2001.
  • Le Blanc seul, Éditions Double cloche avec des sérigraphies d’Yves Picquet, 2004.
  • Nourrir le vent, Éditions La canopée avec des monotypes de Thierry Le Saëc, Languidic
  • Le vent ineffable, Éditions La canopée avec des gravures de François Dilasser, 2008.
  • Breuil, Éditions Al Manar avec des peintures de Marie Alloy, 2011.
  • Silva, Éditions Remarques avec Magali Ballet, 2011.