Extraction de la pierre de folie
Auteur : Alejandra Pizarnik

Traduction et postface de Jacques Ancet.
« Il n’y eut plus ni dehors ni dedans ». Il n’y a que des jeux de miroirs : « Tu te désires autre. L’autre que tu es se désire autre ». L’écriture cherche à extraire ce qui n’existe pas sinon par elle, le poème, un corps qui saurait parler le silence. « Je parle du lieu où se font les corps poétiques ». Alejandra Pizarnik défend et illustre son « métier », écrivain. Écrire est sa seule manière de vivre et de pouvoir mourir sans fin.
Extraction de la pierre de folie, titre repris de l’un des plus connus et enigmatiques tableaux de Jérôme Bosch, parut à Buenos Aires en 1968, en 4e de couverture figurait un petit texte d’André Pieyre de Mandiargues : « Je relis fréquemment tes poèmes, je les donne à lire à d’autres et je les aime. Ce sont de beaux animaux un peu cruels, un peu neurasthéniques et tendres […]. J’aime tes poèmes, je voudrais que tu en fasses beaucoup et que tes poèmes diffusent de partout l’amour et la terreur. »
Paru le 14 mars 2013
Éditeur : Ypsilon éditeur
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Je suis la fille du baobab brûlé
Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs dialogue des corps
Le voyage est infini sur les routes de lumière
Le vin des amants est un baiser mortel
Au chant de la bien-aimée
Un soupir rend l’éternité
Mêlant l’anatomie des sens
Notre histoire refuse la chronique des héros
Le sexe humide du poème
Nourrit l’espérance du monde
Nous arriverons ensemble
Nous cheminerons ensemble
Nous partirons ensemble
Au contrepoint de la terre
Ce qui n’est à personne est à moi
J’embrasse le crépuscule d’eau
Je suis debout au flanc des nuages
Je respire l’air frais du soir
Tant qu’il y aura une étoile
Je brillerai avec ma chanson
Et je chanterai à voix de tête