Gabriel Cousin
Né dans Le Perche en 1918, dans un milieu ouvrier, Gabriel Cousin est entré à l’usine à l’âge de 13 ans comme ajusteur, au Bourget, jusqu’à 20 ans.
Athlète de compétition, la guerre de 1939 et la captivité en Autriche stoppent sa carrière sportive.
Les épreuves qu’il traverse et la lutte sous l’Occupation à Paris déclenchent en lui un appétit de culture.
En 1944-45 il s’initie à la danse avec Jean Sery et à l’art dramatique avec Roger Blin et Claude Martin.
A la Libération, il forme avec Jacques Lecoq les Compagnons de la Saint-Jean créant de grands spectacles populaires dans l’esprit de Jacques Copeau.
A Grenoble, en 1945, il rencontre Jean Daste, anime avec Joffre Dumazedier la première équipe de Peuple et Culture et participe au mouvement de décentralisation de l’après-guerre. Il milite au PCF et avec René Dumont contre la faim dans le monde et la bombe atomique.
Vers 1948, alors qu’il a 30 ans, il commence à écrire des poèmes et des articles sur les rapports de la culture et du sport, encouragé notamment par Paul Léautaud et Claude Roy qui lui font publier sa première plaquette de poésie chez Seghers.
En 1962 c’est la rencontre décisive avec Georges Mounin qui lui révèle son thème majeur "L’amour" et fait éditer chez Gallimard L’Ordinaire Amour qui recevra une critique unanime.
En parallèle, il écrit pour le théâtre. Jacques Lecoq le met en scène et il est à l’affiche du TNP par Jean Vilar et édite chez Gallimard.
En 1965, il devient Conseiller Technique au Ministère de la Jeunesse et des Sports et met au point un processus d’éveil à la créativité basé sur le corps et la sensibilité.
Gabriel Cousin est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages en poésie et d’une quinzaine de pièces de théâtre, jouées en France et à l’étranger. Plusieurs d’entre elles ont été adaptées à la radio et à la télévision.
Ses archives sont à l’IMEC et à la BNF.
Il est décédé en 2010.
Extrait
Sonnet de décembre
Sur la haie de lauriers à reflets d’argent sombre
Une rose au sang noir se meurt en cet hiver
sous d’épaisses pluies rouges sang de toutes ces ombres
Elle meurt sous le givre calice à découvert
Dans l’horreur des décombres dans l’effroi de décembre
La rose glacée pleure l’abeille disparue
Esprit en deshérence sur notre terre en cendre
L’amour n’est plus qu’un leurre sous l’effroi répandu
Dévastés les jardins et le ciel est désert
Ravagées les forêts notre regard se perd
L’eau l’air empoisonnés et nos âmes sont noires
Ailes brûlées les anges ne sont plus decendus
Néant de l’espérance dans ce monde éperdu
Le viol noir de la rose a ruiné la mémoire
inédit