Gaston Miron

Gaston Miron naît le 8 janvier 1928 à Sainte-Agathe-des-Monts, au Québec.
Gaston naît au sein d’une famille catholique et conservatrice aux revenus plutôt modestes. Son père, Charles-Auguste Miron, est tout d’abord menuisier puis fonde une entreprise de portes et de fenêtres qui permet d’assurer un style de vie meilleure à la famille. Sa mère, Jeanne Raymond dit Michauville, s’occupe quant à elle de ses cinq enfants. La famille vit ainsi à Sainte-Agathe dans une sorte de profonde quiétude. Durant les vacances d’été, la famille part souvent à Saint-Agricole où Gaston découvre notamment la nature sauvage de ce pays pierreux.
Enfant, Gaston découvre également, avec effarement cette fois, l’analphabétisme de son grand-père à qui il voue une réelle admiration. La langue est ainsi déjà pour lui une source importante de réflexion, poussée également par la dualité quotidienne que représente le passage de l’anglais au français.
À six ans, Gaston entre à l’école des frères du Sacré-Cœur à Sainte-Agathe. En 1940, il assiste au décès prématuré et soudain de son père. Seule avec ses cinq enfants, la mère de Gaston propose un service de lessive aux familles aisées de Sainte-Agathe.
Afin de subvenir aux besoins familiaux, Gaston accepte de rejoindre une communauté religieuse afin d’y devenir frère-enseignant. Il y est admis le 13 avril 1941 au juvénat Mont Sacré-Coeur de Granby, accrédité par le Département de l’instruction publique du Québec. Le changement de vie est total pour Gaston. C’est au cours de l’été 1943 qu’il franchit l’étape du juvénat et qu’il est admis au noviciat sous le nom de frère Adrien. Il accède au scolasticat une année plus tard et commence à enseigner au cours de l’année scolaire 1946-1947, dans une classe de 3e année de l’école Meilleur, à Montréal.
En juillet 1947 naît en lui un certain dualisme opposant sa vie religieuse et son appétence pour l’écriture poétique. Cette même année, il décide de ne finalement pas renouveler ses vœux. Il rejoint ainsi sa mère, remariée et habitant désormais à Saint-Jérôme. Gaston ne peut toutefois pleinement se consacrer à l’écriture car il doit tout d’abord songer à un moyen de subsistance. Il devient ainsi plombier, puis couvreur, puis journaliste à l’Écho du Nord. En septembre, alors qu’il n’est âgé que de 19 ans, il part s’installer à Montréal afin d’y étudier les sciences sociales. Il enchaîne également bon nombre de métiers tels que plombier à nouveau, commis de bureau, serveur, photographe, empaqueteur en librairie, entre autres. C’est également au cours de cette période passée à l’université qu’il fait la rencontre des frères Gilles et Guy Carle et d’Olivier Marchand. Ensemble, il fonde, sur le modèle du « Cercle Nouvelle-France » d’Édouard-Zotique Massicotte, le « Cerce Québec » dont l’objectif est l’éducation intellectuelle de ses membres. En 1950-1951, il termine ses études mais quitte l’université sans diplôme. Il retourne à l’enseignement, à l’école Saint-Ernest de la rive sud de Montréal, pour des raisons financières principalement.
En 1949, Gaston intègre également l’Ordre du Bon Temps, mouvement issu de la Jeunesse Étudiante Catholique visant à défendre le folklore canadien-français. Il s’engage aussi dans un groupe proche du scoutisme, le Clan Saint-Jacques, qui propose une activité physique soutenue ainsi que des spectacles de chant et de danse. Gaston assume, à partir de mai 1951, la direction de Godillot, publication du Clan Saint-Jacques, puis, à partir de décembre de la même année, celle de La Galette, de l’Ordre du Bon Temps.
Gaston publie ses premiers poèmes au début des années 1950 dans diverses revues telles que Le Devoir, Liberté, Parti pris. C’est en 1953 qu’il inaugure les éditions de l’Hexagone aux côtés d’Olivier Marchand, en publiant le premier recueil Deux sangs.
Durant une quinzaine d’années, Gaston publie de manière éparse tous ses poèmes, et ce n’est qu’en 1970 qu’il décide de les regrouper, accompagnés de quelques textes en prose, dans un recueil qui deviendra son ouvrage le plus connu : L’homme rapaillé. Édité aux Presses de l’Université de Montréal, ce recueil obtiendra le prix Guillaume Apollinaire et connaîtra pas moins de sept éditions, ainsi que bon nombre de traductions, en italien, portugais, ukrainien, polonais, hongrois, espagnol et roumain.
Gaston est durant de longues années également engagé au niveau politique. Il est par exemple proche de la nouvelle revue de gauche Parti Pris et participe aux efforts visant à aider financièrement la défense des membres emprisonnés du Front de libération du Québec (FLQ). Il devient également l’un des membres fondateurs du Mouvement pour la défense des prisonniers politiques québécois en 1970, ce qui attirera l’attention des autorités fédérales. En octobre 1970, il est incarcéré durant onze jours, comme environ 450 artistes, poètes, activistes, et nationalistes.
En 1990, la Médaille de l’Académie des Lettres au Québec lui est décernée.
Gaston meurt le 14 décembre 1996, à l’âge de 68 ans, à Saint-Agathe-des-Monts.
Bibliographie
- Lettres, 1949-1965, Éditions de l’Hexagone, 2015.
- L’avenir dégagé : entretiens, 1959-1993, Éditions de l’Hexagone, 2010.
- Deux sangs, En collaboration avec Olivier Marchand, Schena Éditions, 2009.
- Écrire à bout portant. Les lettres de Gaston Miron à Claude Haeffely, 1954-1965, Éditions Nota bene, 2005.
- Un long chemin, Éditions de l’Hexagone, 2004.
- Poèmes épars, Éditions de l’Hexagone, 2003.
- L’homme rapaillé, Éditions Gallimard, 1999.
- L’homme rapaillé, Éditions Typo (anciennement Éditions de l’Hexagone), 1996.
- Les Grands Textes indépendantistes, 1774-1992, anthologie, en collaboration avec Andrée Ferretti, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1992.
- À bout portant. Correspondance de Gaston Miron à Claude Haeffely, 1954-1965, Éditions Leméac, 1989.
- Écrivains contemporains du Québec, anthologie, en collaboration avec Lise Gauvin, Éditions Seghers, 1989.
- Les Signes de l’identité, Éditions du Silence, 1983.
- Littérature québécoise contemporaine, Préface de Gaston Miron, Centrale des bibliothèques, La Pocatière, 1982.
- L’Homme rapaillé, Éditions Maspero , 1981.
- L’uomo rappezzato, Éditions Bulzoni , 1981.
- Courtepointes, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1975.
- L’Homme rapaillé, Presses de l’Université de Montréal , 1970.
- Deux sangs, En collaboration avec Olivier Marchand, Éditions de l’Hexagone, 1953.