JHM - Joffrey Tridon
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Culture. L’association Au Coeur des Mots a proposé une dictée francophone ludique et poétique à des élèves du lycée Bouchardon, vendredi 24 mars, puis à des adultes volontaires, samedi 25 mars. L’occasion de jouer avec les mots et se rappeler de la richesse de la langue française.
« Car les mots, qu’on le sache, est un être vivant. » Victor Hugo avait compris la profondeur des mots et explique parfaitement à travers cette citation le pouvoir qu’ils revêtent. « Nous sommes convaincus que le mot est le lien humain par excellence », ajoute Anne Duvoy, présidente de l’association Au Cœur des Mots, en préambule de sa dictée francophone, poétique et ludique. Ce vendredi 24 mars, l’activité a été proposée à des élèves du lycée Bouchardon, avant de s’adresser à des adultes, ce samedi 25, à la Maison des Jeunes et de la Culture.
« Nous participions, avant la crise sanitaire à la dictée officielle de la francophonie, chaque année. L’année dernière, elle n’avait pas encore repris aussi l’association a créé sa propre dictée ludique. Elle a été très appréciée par les participants qui nous ont intimé de continuer cette année », explique Anne Duvoy. Pour autant, l’association a tenu à réaliser cette activité dans le cadre de la Semaine de la Francophonie et du Printemps des Poètes.
L’utilité de la dictée
Le niveau d’orthographe des jeunes est en chute libre depuis 30 ans, selon des études. Il se dégage ainsi de cette dictée un souffle de fraîcheur quand 19 élèves se présentent volontaires pour participer à une dictée. « J’adore la dictée, cela me manque », dit une jeune lycéenne, consciente de l’utilité de l’exercice pour l’apprentissage de la langue française.
« Après l’Ardeur, la Beauté, le Courage, le Désir puis l’Ephémère, j’avais en tête un intitulé libre et fantaisiste. Pas forcément féériques, mais sans équivoque ni férocité. » A l’énonciation des premiers mots de “Frontières” (par Sophie Nauleau), texte officiel de présentation du Printemps des poètes 2023, les participants s’emparent de leur stylo, se concentrent, se penchent sur leur feuille blanche, et commencent à écrire.
Pour Rose-Marie Agliata, la vice-présidente de l’association, ces volontaires viennent avant tout se refamiliariser avec la richesse de la langue française. « C’est davantage un acte de curiosité plutôt qu’un sentiment de culpabilité par rapport à l’erreur », souligne-t-elle.
A Anne Duvoy d’ajouter : « C’est parce que certains mots ne sont plus pratiqués qu’ils ne sont plus intégrés dans notre pensée. Il y a aujourd’hui une configuration dans la tête de nos jeunes qui fait qu’ils ne réfléchissent plus toujours au sens des mots avant de les écrire ».
Pour autant : « ceux qui ont envie de réussir s’attachent à une bonne orthographe », poursuit Rose-Marie Agliata, « je pense également qu’il y a quelque chose d’innée pour l’orthographe comme d’autres ont des facilités pour les mathématiques ou la musique ».
Une fois le premier texte écrit, il était question de rédiger un poème de Paul Eluard, « Pour ne plus être seuls », extrait du recueil Ma Grèce de Raison (1949). Enfin, une troisième dictée choisie par l’association permettait de jouer avec les mots et en particulier les tautogrammes. Il s’agit d’une phrase dont tous les mots commencent par la même lettre.
Les participants terminent ainsi leur longue dictée en tentant de rédiger la gymnastique syntaxique de Georges Pérec, de son “chapitre cent cinquante-cinq” : « Conclusion : cinquante clients contusionnés, cinq cardiaques commotionnées, cinq cadavres ! Ce chassé-croisé cauchemardesque chagrina chacun ».
Par Joffrey Tridon
Le 26 mars 2023
Poème
de l’instant
Les égarées de Noël
Car la mort va au hasard
Sur les chemins du monde
Et souvent elle vient chercher
Son dû à la table des songes
Bien plus qu’il n’est nécessaire
Les égarées de Noël
Éditions Gallimard / 2023