L’Amitié - 2022


Pour cette 8e édition de Partir en Livre autour de l’amitié, le Printemps des Poètes a souhaité se rendre au plus près d’enfants qui, pour diverses raisons, côtoient peu la poésie, avec la complicité de trois poètes.



David Dumortier au Transfo, espace culturel d’Emmaüs Solidarité

Le mardi 19 juillet 2022, David Dumortier s’est rendu au Transfo, espace culturel d’Emmaüs Solidarité. Il y a rencontré 6 enfants de 7 à 9 ans, accueillis en centre d’hébergement d’urgence ainsi que leurs deux éducateurs, Yves et Renée.

Après une prise de contact sous forme de devinettes poétiques, les enfants ont pu « connaître leur avenir pour de faux » grâce au jeu de la Bonne aventure de David Dumortier, illustré par Aude Léonard et paru aux éditions motus.

Ils ont ensuite lu « un poème très bizarre », « Prendre corps », de Ghérasim Luca, et écouté sa mise en musique par Arthur H, puis créé collectivement une épicerie de mots dans laquelle faire leurs courses pour écrire, comme Ghérasim Luca, un poème sans verbe : un poème d’amour à une fleur.

Tels de petits éditeurs, les enfants ont écrit leurs poèmes sur de jolis papiers, en réfléchissant à leur disposition sur la page, pour enfin l’illustrer. Ils ont pour cela puisé dans une valise pleine de craies, de feutres pour dessiner, de vieux papiers à découper, à déchirer, et de livres pour s’inspirer. De timides, les enfants ont petit à petit déployé leur imagination pour créer leur œuvre d’art, échangeant leurs idées et se partageant les outils proposés.

Les employés du Transfo ont assisté à l’exposition éphémère qui a permis aux enfants de présenter leur travail.

Pour certains d’entre eux, ce moment de création partagé, cette liberté du « tout est possible » (poèmes sans aucun verbe), le fait aussi que concrètement chacun d’entre eux dans un temps donné soit parvenu à écrire et à illustrer son poème singulier, à se dépasser en quelque sorte, tout cela aura une résonnance durable dans leur été.
 
Et pourquoi pas, au-delà.

Yvon Le Mignan, coordinateur socioculturel au Transfo


Rim Battal au CHU Babinski d’Ivry-sur-Seine

Le mercredi 20 juillet en matinée, 8 enfants du Centre d’Hébergement d’urgence Babinski d’Ivry-sur-Seine, géré par le Samusocial de Paris et hébergé dans une aile de l’Hôpital Charles-Foix, ont accueilli Rim Battal. Agés de 5 à 11 ans, ils ne savaient pas encore tous lire et écrire : des binômes d’entraide se sont constitués afin que les plus grands puissent accompagner les plus petits.

Rim Battal leur a montré des livres de poésie, de différents auteurs et éditeurs, pour qu’ils prennent conscience de la diversité de la poésie vivante. Ils ont fait un tour de table avec le livre Des étoiles filantes, de Mélanie Leblanc (Éditions les Venterniers) : ils ont choisi des souhaits en les adressant à des personnes présentes ou absentes, ce qui les a amenés à s’exprimer sur leurs liens d’amitié. De là ils ont écrit (ou fait écrire) leurs propres souhaits :

Je te souhaite d’avoir des ailes

Nour, 5 ans, souhait adressé à Rim

Toujours dans cette démarche de donner et recevoir, les enfants ont aussi écrit des souhaits qui ont circulé, découvrant ensuite quel souhait leur avait été adressé. Puis le groupe a réalisé une fresque de l’amitié sur un mur d’ardoise, où ils ont écrit à la craie les qualités de leurs amis, et d’autres souhaits encore.

Leurs parents ont à ce moment-là passé la tête dans la salle, leur permettant de voir tout ce que les enfants avaient réalisé.




Séverine Daucourt à l’Hôpital Necker - enfants malades

Le mercredi 20 juillet après-midi, Séverine Daucourt a animé un atelier d’écriture à l’Hôpital Necker-enfants malades, auprès d’adolescentes de 14 ans, souffrant de dépression ou de troubles alimentaires.

Un moment de lectures a été l’occasion d’échanger sur ce qu’est la poésie aujourd’hui (la versification, la disposition sur la page, la description, l’émotion, le voyage…).

En s’inspirant de Surtout, ne pas faire de listes, de Lucile de Pesloüan, (Éditions Rodrigol), les jeunes filles ont choisi des listes qu’elles désiraient construire : « les choses rassurantes », « les doudous »… l’atelier a donc pris la forme d’un retour en enfance, au cours duquel chacun, avec humour et fantaisie, a écrit ses listes poétiques. Jocelyne, l’éducatrice, et Grégory, le volontaire en service civique de la médiathèque, se sont également prêtés au jeu.

La lecture des listes de chacune a été un moment de partage et d’entraide, puisque certaines ne préféraient pas lire les leurs à haute voix : le relai d’une amie était alors bienvenu.

Les adolescentes sont sorties de l’atelier avec d’autres idées de textes en tête, et leur éducatrice était enthousiaste à l’idée de renouveler l’expérience.