L’Arrière-Pays
1er octobre 2016
Le ciel déposé là
Il faut se remonter les manches et tordre les mots crus et s’armer de mélancolie pour faire barrage à la tempête. C’est ça. On débite un stère de ciel, une sciure jaune se répand. L’éclaircie vient.
1er novembre 2014
Dans les ruines précédé de Marmailles et suivi de Mutants
Dans ton atelier les copeaux
que nous appelions des rubans
s’entortillaient comme des vrilles
autour de nos bras nos poignets
les plus longs autour de nos cous.
Riches de ces bijoux de paille
parfums de résine et de sève
il nous importait peu que l’or
fût l’étalon d’un monde adulte
dont nous ignorions les enjeux.
Et nos yeux s’enroulaient
autour des boucles blondes
1er janvier 2013
Lettres à P. Dhainaut, J. Ballard & P.-A. Jourdan
"D’un poète on dit volontiers qu’il est une voix, et celle de Jean Malrieu plus que tout autre fut passionnée, impatiente, mais ceux qui l’ont connu, ses amis, voudraient l’entendre encore, et faire partager le plaisir qu’ils avaient à l’écouter, avant que l’écriture ne décante cette voix, avant qu’elle ne se sépare de l’existence quotidienne où elle se ramifiait, mobile, tirant parti de tout ce qu’elle avait à sa portée, qui venait vers elle à l’instant, qu’elle attirait, tout lui était rencontre, tout (…)
1er janvier 2013
Tel que c’est écrit
"Moi je dois fouiller
dans le haut
dans l’âtre éparpillé
d’une aile"
1er décembre 2011
Dix secondes tigre de Jean-Marc Sourdillon
"Jeanne est née et il neige sur la nouvelle année.
J’efface la suie du chagrin sous tes yeux.
Quand tu es triste, tes yeux seuls grandissent
au-dedans. Il n’y a pas de fleurs dans la maison.
Au marché nous n’avons pas pensé
à acheter du mimosa. Ce sera pour l’année prochaine.
Des nuages glissent sur la table et tu passes un linge
distraitement pour les faire partir.
Je ne voulais pas te faire de peine ; encore moins
ce jour-là. Je ne peux pas te le dire
mais tu es belle dans ta robe (…)
1er octobre 2010
Témoins de fortune
L’isolé
bâtit sa journée
d’un carré de soleil
balayé de vent froid
il cherche où croire
d’où partir
de quel cœur
vide et libre
de quelle absence
à tous et à soi
de quelle fenêtre
à l’infini d’un château clair sur la rivière
1er juin 2010
Abîmes cachés
"On a lu beaucoup de poèmes
Qui parlaient de cette lueur
Presque irréelle au bord du ciel
De ce blé d’or sur les nuées
Après l’orage et pourtant l’ombre
Qui se dégrafe autour a l’air
toujours impassible à décrire
Le mystère de ce feu pâle
Echappe encore à notre voix
Faut-il renoncer à écrire
En rester là Cet indicible
On va l’abriter le chérir
Comme l’enfance le sourire
De celle qu’on a vu (…)
1er décembre 2009
Gains de causes de Jacques Tornay
"L’un de nous devinait une ponctuation dans la brise à travers les
ormeaux."
[…]
1er décembre 2009
Au fil des nuages de Monique Saint-Julia
"Ici c’est la fête des tilleuls, des buis verts,
des colverts nichés dans les heutes herbes."
[…]
1er juillet 2009
Ultimes paysages de Fabio Pusterla
Traduit de l’italien par Eric Dazzan.
Préface de Casimir Prat
"Descend vers le fond vers
ce qui trouble et pèse,
n’ouvre ni sauve. Sans nom
encore, l’étranger t’attend avec son regard
limpidement autre et qui te révèle
à toi-même ta limite et la chose
que vraiment tu désires, et qui te meut et que tu ne peux avoir."
Poème
de l’instant
Le spectateur enchanté
Posté à la fenêtre, dans la maison qui est la sienne, enca-
dré, tableau lui-même, il reste là, à regarder. Son regard
tourné vers qui, quoi ? Vers la rue ? Ne s’y rencontre-t-il,
au contraire, ni chemin ni défilé ? Pas davantage d’arbres,
de collines, de montagnes ? Pas non plus d’êtres vivants,
pas un seul ? N’y trouve-t-on donc que vide infini, ciel illi-
mité, insondable silence ?