L’abattoir c’est chez nous
Fiorella Boucher

« Je porte cette histoire en moi remplie de silences. L’Europe et l’Amérique autochtone, le colon et la colonisée, c’est chez moi. Chez nous, c’est l’abattoir. » Enfant de deux mondes qui ne se parlent pas, la fille écrit à sa grand-mère et à sa mère. Elle parcourt l’espace dilaté des origines, des impostures et des blessures.
Née à Córdoba, Argentine, d’une mère guaraní-paraguayenne et d’un père français, Fiorella Boucher vit à Montréal. Sa poésie, une plongée dans le récit familial, s’inspire de son héritage autochtone. L’abattoir c’est chez nous est son premier livre.
J’écris pour nourrir mon ventre vide du passé
le regard tendre que je n’ai pas eu
pour apprendre à coudre
les trous de mon linge et de mon manteau d’hiver
à me repenser autrement qu’aux bordures de nos nano-définitions
pour revenir à l’heure du constat de la mort
la prison aux barbelés
la mort des corps que personne ne pleuretu sais
la mort des corps qui ne coûtent pas cher
Paru le 13 octobre 2021
Éditeur : Mémoire d’encrier
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Femme noire
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie,
de ta forme qui est beauté !
J’ai grandi à ton ombre ;
la douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi,
je te découvre, Terre promise,
du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur,
comme l’éclair d’un aigle.