L’amour qui n’est pas un mot
Ma vie en vérité commence
Le jour que je t’ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m’as montré la contrée
Que la bonté seule ensemence
Tu vins au cœur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j’ai flambé comme un genièvre
À la Noël entre tes doigts
Je suis né vraiment de ta lèvre
Ma vie est à partir de toi
Louis Aragon, « L’amour qui n’est pas un mot », Le roman inachevé, Éditions Gallimard.
Poème
de l’instant
Sur le ton exact du désir
À l’idée d’atteindre la fin
d’une ligne
il prétend que des vertiges
lui viennent
un baiser qui se dérobe
une robe impossible à déboutonner
Selon lui,
c’est dans la marge
que les poèmes s’écrivent le mieux
Emmanuel Flory, Sur le ton exact du désir, Éditions Rougerie, 2008.