Dessins de Roselyne Sibille.

Tu voudrais partir sur le dos de la pluie.
Une pluie mécanique - monotone - infinie.
Loin, tu veux partir.
Aussi loin qu’un poème.
Au-delà de la langue qui creuse le désir.

En vain croit-on se transplanter quand nous
sommes ancrés en nous-mêmes -uniques et
provisoires.
Quand ailleurs est à portée de main.
Derrière le mot.
Planté dans la parole de l’autre.

Ton élan inachevé t’a laissé en suspension.
Comme ces trois petits points qui restent en
Souffrance de ce qui n’est pas dit.

Ne te reste que la couleur de ce sentier et la
Pénombre du fossé. Les étoiles des pervenches
parsemant le talus - les muscaris languides sur le
bord et les bourraches en désordre. Que du bleu
 tous les bleus. Jusqu’aux iris presque violets
avec leur cœur impudique.
Ce jour, un chemin bleu.