L’esprit et l’humour, l’éclair et la lumière électrique
de Mark Twain

Parfois, je me sens, avouait Mark Twain, comme la personne saine d’esprit dans une communauté de fous ; parfois, je me sens comme le seul aveugle là où tout le monde voit, le seul sauvage tâtonnant dans le collège des savants, et toujours pendant le service, je me sens comme un hérétique au paradis. Plus qu’au paradis, on brûle d’aller en enfer pour retrouver un écrivain assurément en bonne compagnie. Sur terre l’auteur, si connu pour ses romans à l’usage de la jeunesse, n’avait pas cessé de décocher ses flèches sur une Amérique détraquée, fausse, détestable. Inépuisable était son carquois de traits acérés contre, parmi d’autres, celui qui peut brailler le plus fort sans savoir ce qu’il braille.
Un bon siècle plus tard, dans ce monde terriblement enclin au mensonge, les aphorismes lucides de Mark Twain ont-ils vieilli, l’air de notre temps est-il plus pur ?
Paru le 23 septembre 2021
Éditeur : Voix d’encre
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Au secret
J’aurai vu.
J’aurai saisi, à force, les trois cercles :
le commun, le propre et celui de l’arcane.
J’aurai su le désir et le vide.
Parfois, trop proche de comprendre,
j’aurai baisé les lèvres de l’abîme.
Quelques chances m’auront sauvé.
Il me faudra beaucoup d’esprit,
à la dernière passe,
pour rire de l’infime chemin parcouru.