La face nord de Juliau, cinq de Nicolas Pesquès

"No man’s land
Je me posais pas la question du lendemain. Ecrire était toujours au futur.
Les phrases frottaient leur soufre, mordaient la poussière, se relevaient. Elles transhumaient, elles inspectaient leur vertige. Il faisait toujours nuit devant.
Je n’ai jamais su que cela deviendrait des livres."
Poème
de l’instant
Une tristesse bleue et grise
Évidemment l’orgueil et la trouble passion
Les papiers arrachés, bien sûr, les volets clos
Les livres sans mémoire et presque à l’abandon
L’étui de ton violon fermé comme un sanglot
Mais penser à tes gestes carrés vers les miens
La presque cruauté, la langueur infinie
Le rire en plein désir et les larmes à la fin
M’ont fait aimer la mort et préférer la vie
Sarclo, Une tristesse bleue et grise, « Éloge d’une tristesse », Côtes du Rhône Productions, 1992.