Là où il fait si clair en moi
Auteur : Tanella Boni

EXTRAIT
« Ceux qui ont peur des femmes nues
Ont perdu le chemin des Écritures
Et la plage essuie ses larmes
Ils déambulent
Le coeur haineux
L’ombre du mensonge
Enroulée sous le bras »
Que faire lorsqu’on a connu la guerre et l’exil, un « premier départ / en pays étranger », puis d’autres guerres, d’autres départs ? Que dire à ces « vies précaires », ces « vies fauchées pour rien », ces « visages de femmes / enveloppés d’un voile de contraintes » ? Comment lutter contre barbares et fous de dieu ? Où trouver la force de sonder les abysses de la mémoire négrière ? Quelle prière offrir au corps de l’enfant mort, ce « visage de l’innocence » échoué sur la plage ? La réponse à ces questions tient en une phrase prononcée dès le
premier des sept poèmes du recueil de Tanella Boni : « Tu n’as pas d’autres armes que les mots ». Et l’auteure de nous rappeler que les mots aiment le dialogue, la tolérance et la paix ; et que la poésie possède la capacité, rare, de réenchanter la vie.
Poème
de l’instant
terrains vagues
Tu cueilles pour moi
des mûres poussiéreuses
au goût de septembre
et pendant qu’entre mes dents
je tente d’écraser les petites graines
je me dis que grandir
c’est à chaque fois quitter l’été.