La tête à l’envers
12 décembre 2018
Les sept voyages d’Ali l’Homme Tapis
Ce poème est aussi un conte oriental, où le Tapis n’est plus un transport magique mais le motif qui tisse le récit et le destin d’Ali. Il le mènera inéluctablement jusqu’au Nouveau Monde… La tête à l’envers publie ce conte-poème dans la collection "Gourmandise" car c’est un bonheur de lire ce petit chef-d’oeuvre de fantaisie, d’humour léger et de rythme. Mais qu’on ne s’y trompe pas : comme souvent dans les contes, sous la légèreté apparente, se cache la gravité d’une réflexion sur le déroulement de la vie. (…)
1er mars 2017
Septième rive
"Ah j’ai aimé ! – superbes nos collines,
le chêne, les bois où mon frère
la nuit sortait comme voix affamée,
et toi, mon cœur, avec la voix, avec
les bras pour élancer encore un
jour, un autre encore sur nos collines !
Ah j’ai aimé !, l’orée, la braise, l’aiguille.
Et tout ça je te le dois, avec ma langue libre,
là – au-dessus de nous.
Ah j’ai aimé ! Et toi, mon cœur, avec les bras,
avec la voix –.
J’honorerai le cri, la main, le (…)
1er décembre 2016
Voile blanche sur fond d’écran de Simone Molina
L’écriture de Simone Molina est née de l’exil et de l’hospitalité à la figure de l’étranger, et, avant l’exil, d’une guerre sans nom, aux multiples visages d’effroi.
Le poème fait bord à l’indicible. Il témoigne du côtoiement de la folie et de sa puissance créative, de ses belles évidences jetées au vent, pour que surgisse une parole qui rende vivante la relation.
Et plus précisément, Voile Blanche sur fond d’écran reprend les thèmes de la guerre, du trauma, de la perte, mais aussi de la force vitale de (…)
1er octobre 2016
Faire un trou à la nuit
Apaise-toi
Voici le temps venu
de trouver d’accepter
d’autres lumières
vers d’autres terres
Partir en cette absence
à la racine du vent
Quoi de soi-même
et de la route menée
espérer ?
ou encore :
Au crépuscule de tes
paroles s’avancer
Faire un trou à la nuit
Laisser les étoiles s’évader
1er septembre 2016
D’Ararat de Noée Maire
« Sous le ciel de tant de mémoire un parfum de broussaille ton visage soulève mes mains tu touches le doux ventre fragile
Je repousse le vide d’un sourire. »
Le recueil : Une voix nouvelle, profonde et grave. Bien que Noée Maire nous dise que « rien ne peut rendre ce que le manque a vidé », le tragique du langage arrive ici à parler de l’indicible. Mais l’auteure retrouve une présence – sa présence – dans le mouvement du monde, le chant d’une rivière, le souffle du vent, un chemin de lumière – toutes (…)
1er juin 2016
Il m’a demandé quelques choses (le départ)
je vois ton ombre
immensément fragile
recouvrir des villes entières que
tu traverses
qui aussi te traversent toi
si sensible à la façon dont elles lèvent leur aube
couchent leur sommeil
9 novembre 2015
De la poussière sur vos cils de Julien Bosc
Il y eut partout de la neige, du sang sur la neige, des corps sans sang ni vie dans la neige et des cris qui tuent dans la neige ; il y eut dans le ciel des bruits de moteurs aveugles qui s’en retournèrent sans avoir mis le feu au feu et il y eut ces milliers d’yeux qui regardèrent ensuite à tout jamais les cieux désertés.
Ô orge de la parole dormante
Ô pêne grippé dans la (…)
1er juin 2015
Passeurs de rives
Encres Myoug-Nam Kim
"Tu cherches ton passé
au creux des nids que l’hiver
accroche haut dans les peupliers
les oiseaux
fervents de rives et de voyage
y ont laissé
leurs songe en obole
avant l’errance du ciel"
1er juin 2015
l’autre et la nuit de Bernard Sesé
Bernard Sesé poursuit son dialogue avec le monde de la peinture, alternant poésies amples et poésies plus rythmées, double versant de nuit et de clarté.
"Dites-moi, ce regard perdu parmi les branches,
Et ces yeux égarés dans l’ombre qui s’élance,
De quoi sont-ils le lieu,
Et d’où jaillit leur source ?"
"Nous avancions obscurs dans le pays des rêves,
L’instant s’y confondait avec le bruissement
Du feuillage, et le chant
D’un oiseau dans l’air noir."
ou (…)
Poème
de l’instant
Avant de tout dire
Toute la beauté du monde, je ne peux pas te la dire. Mais rien ne m’empêche d’un peu l’approcher avec toi.
Il y a de si grands murs qui cachent les jardins, des dépotoirs au bord des plages, des ghettos dans des îles, tant de blessures aux paysages.
Par bonheur, un peu de splendeur demeure alentour et le dire, même tout bas, par amour, c’est croire encore qu’un jour, nous irons la trouver, toute la beauté du monde.
Carl Norac, « Avant de tout dire », Le livre des beautés minuscules, Éditions Rue du Monde.