La vie atteinte
Auteur : Jean François Mathé

Me voilà à nouveau aujourd’hui
déménageur de ma fatigue
cherchant l’escalier à monter ou à descendre
avec ce poids dont on ne se défait
ni en haut ni en bas.
Parfois, par miracle, il n’y a
ni escalier ni maison ni rues ni ville :
il n’y a autour de moi que du ciel.
Je m’y allonge,
j’étends mes bras hors de ma fatigue
jusqu’à ce qu’ils deviennent des ailes.
Je sais que je ne rêve pas.
Je sais que je ne vole pas.
Poème
de l’instant
Épître V
Pour moi, sur cette mer qu’ici-bas nous courons,
Je songe à me pourvoir d’esquif et d’avirons,
À régler mes désirs, à prévenir l’orage,
Et sauver, s’il se peut, ma raison du naufrage.
Nicolas Boileau, Épître, « Épitre V », 1676.