La ville (Paris)

Matthias Vincenot

J’aime la ville et ses passantes
Et leurs lueurs incandescentes
Quand elles sourient de temps en temps
A un passant
S’il m’arrive d’être ce passant
Je replonge en adolescence, pour un instant

La ville connaît par moments
De superbes soleils couchants
Qu’on s’invente dans un sourire, en regardant
La beauté d’un autre sourire
Qui laisse un peu de la jeunesse en repartant

J’aime la ville et ses rivages inconnus
Où l’on accoste sans savoir
S’il faut nager, si l’on surnage
Alors, n’en parlons plus
Il y a des heures indiscernables
Dans des lieux qui n’existent pas
Ou plus vraiment
Et ni victimes ni coupables
N’ont soudain la notion du temps

La ville est pleine des hasards
Qui nous construisent une existence
Et ces passions, ces impatiences
Ce n’est que la vie qui détonne
Et les envies qui tourbillonnent
C’est mieux que l’ennui silencieux
Il y a toujours un quai, un bar
La silhouette d’une fille
Les échos de rires d’enfants

La ville où tous les gens s’ignorent
Sans prendre le temps d’exister
Elle connaît des moments intimes
Il y a des regards qui s’animent
Et des amis dans les cafés
Cette ville qui nous dévore
Elle a des soirs qui s’éternisent
Et la douceur sait la gagner
Elle aime les heures indécises
Et les instants d’éternité

Texte inédit

Poème
de l’instant

James Sacré

Une fin d’après-midi à Marrakech

Parler s’en va dans la nuit, entièrement :
Comme un désir est dans le cœur.

James Sacré, Une fin d’après-midi à Marrakech, Éditions Ryôan-ji, 1998.