La voisine parle à son chat, le soleil…
la voisine parle à son chat, le soleil
aujourd’hui dimanche est absent et le ciel
grisonne autant que ma barbe vieille
d’une semaine ou deux, le chat surveille la rue
nous n’avons que le temps d’un poème écrit
à la hâte et nous serons vieux dans l’instant
où vibre un carillon sur les rangs de vigne
noirs qui cernent le faubourg de Faramand
les pigeons picorent le grésil des toits
puis un envol soudain, le mur rose éteint
du bistro comme Morandi l’aurait peint,
à peine avons-nous frôlé ce monde étroit
que le souffle trouble du soir qui se penche
nous aura dérobé l’âme du dimanche
Poème
de l’instant
Fragments du discontinu
Je soliloque
la voix n’est pas ce que j’oublie
la voix dans mon oreille
cet objet de désir la voix
voix d’autre voix de toi
unique et que je ne peux caresser
Isabelle Baladine Howald, Fragments du discontinu, Éditions Isabelle Sauvage, 2020.