Le Monceau de Peretz Markish
traduit du Yiddish par Charles Dobzynski, collection Les Boutiques de cannelle
Œuvre impressionniste lyrique, marie frénésie verbale et rage blasphématoire. Ce volume contient deux autres longs poèmes : Au repas des pauvres et Jours de semaine significatifs de l’effervescence moderniste dans l’Europe des années vingt.
Poème
de l’instant
C’est comme ouvrir un menhir avec les mains
Cessez de chercher, vous êtes la porte
et les gardiens qui en interdisent l’accès.
Chaque pas vous éloigne du nombril
chimères assoiffées d’aventure.
Vous croyez que le mariage vous libère de la mort
ou que l’argent vous marque dans la hiérarchie divine.
Cessez de chercher, la conscience est le philtre magique,
L’œil capable de rejoindre les orbites vides de Dieu
traversant la mort. Personne ne se rencontre soi-même
en parcourant les mers ou en explorant les cavernes.
C’est difficile, comme ouvrir un menhir avec les mains
car notre âme est plus dure que la pierre.
dire ne suffit pas, no basta decir, Le Veilleur Éditions, 2003.