Le mot Orage

Que restera-t-il de la foudre et de l’orage ? Des éclairs amoureux ? La cendre des villes ? Des gestes de pluie ? Que ce qui doit tomber tombe. C’est avec le feu dans la langue que Constance Chlore écrit nos tremblements, l’errance, la violence faite aux hommes, notre relation aux vivants. Poèmes courts, poèmes longs cherchent au rythme des battements d’ailes un espace plus large. Loin des gouttes de néant. Le feu est dans la phrase et éveille nos sens ; les vents arrivent, nous soulèvent. L’œil vient aux fleurs ; le vol des oiseaux n’est jamais loin. Aimer ressemble à une aile.
Attaques éclairs suivies de replis silencieux
aux griffes des pleurs voici de grands chemins très blancs
des bêtes surgissent, puis disparaissent
au point de haltes sèches
la foudre m’a embrassé
Demain j’irai vivre dans les forêts
Rien, ne dis rien, écoute
ce que ce cri de vent glacé
va détruire et proclamer
UN JOUR LE MOT ORAGE S’EST DÉCHAÎNÉ
Paru le 20 avril 2022
Éditeur : L’herbe qui tremble
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Survivance des lucioles
Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes - en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur - devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensée à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle.