Le spectateur enchanté
Posté à la fenêtre, dans la maison qui est la sienne, enca-
dré, tableau lui-même, il reste là, à regarder. Son regard
tourné vers qui, quoi ? Vers la rue ? Ne s’y rencontre-t-il,
au contraire, ni chemin ni défilé ? Pas davantage d’arbres,
de collines, de montagnes ? Pas non plus d’êtres vivants,
pas un seul ? N’y trouve-t-on donc que vide infini, ciel illi-
mité, insondable silence ?
Poème
de l’instant
« Les roses de Saadi »
J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée :
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.