Les Poésies
suivi de « Le Nageur d’un seul amour »
Auteur : Georges Schehadé

« Je rouvre ce recueil - Les Poésies - par l’article insolitement clos comme un coffre que l’on peut transporter partout avec soi, le saisissant par les deux anneaux latéraux des premiers poèmes et de « Si tu rencontres un ramier » - (1938-1951 : le temps qu’il a fallu pour constituer le lapidaire, l’herbier) ; oui, je l’ouvre comme un coffre incrusté de nacre, aux parois de cèdre ou de santal, et c’est un parfum qui s’en exhale, que je reconnais aussitôt, entre tous les autres, bien qu’il appartienne à une essentielle, à une intemporelle poésie, comme, marchant les yeux fermés dans cette forêt, je sais à une senteur si complexe et si subtilement équilibrée que je ne la retrouverai nulle part et que les mots me manquent pour la nommer, que je suis parvenu à la hauteur d’une haie familière. »
Gaëtan Picon.
Poème
de l’instant
Montagnes, donnez-moi un corps
Donnez-moi un corps,
montagnes,
mers,
donnez-moi un autre corps, que j’y décharge ma folie
tout mon soûl !
Terre vaste, sois mon corps,
sois la poitrine de ce cœur impétueux,
sois le foyer des orages qui m’étouffent,
sois l’amphore de ce moi obstiné !