Les genres mineurs dans la poésie moderne

par Marie-Paule Berranger, professeur de littérature française à l’Université de Caen.
collection Perspectives littéraires
De Laforgue à Tardieu, le recours au « mineur », est
présenté ici comme une réponse spécifiquement moderne à la difficulté de définir la poésie dès lors que la disposition en vers, la posture élégiaque d’un sujet lyrique ne parviennent plus à la distinguer. Ducasse prétend redonner à tous la poésie, les surréalistes la cherchent dans les rues de Paris, au Mont-de-Piété et jusqu’au marché aux Puces ; le prosaïsme et le cliché, le calembour peuvent recevoir du collage et de la recontextualisation le plus fort coefficient d’émotion. Les petits genres font alors figure d’alternative féconde aux grandes orgues du style sublime et des genres codifiés. Ce recours sacrificiel à des formes hybrides, enfantines, éphémères, parodiques et pour toutes ces raisons, placées aux confins de la paralittérature, exacerbe certains traits qui définissent la modernité.
Plutôt qu’un repérage systématique dans la poésie postbaudelairienne, cet essai propose un parcours buissonnier de textes inclassables, qui souvent ont marginalisé leurs auteurs ou été lus comme une concession récréative des plus grands ; il met en évidence les dispositifs rhétoriques, les positions idéologiques, les valeurs implicites qui
les relient et font de « la branche cadette de la littérature » un fécond principe de régénération.
Paru le 1er septembre 2004
Éditeur : Presses universitaires de France
Genre de la parution : Recueil
Poème
de l’instant
« Amigo que no me lee… »
Amigo que no me lee
amigo que no es mi amigo
porque yo no estoy en mí
más que en aquello que escribo
Ami qui ne me lis pas
tu n’es pas un ami
car je ne suis moi-même
que dans ce que j’écris.
(1895 – 1983)