« Les roses de Saadi »
J’ai voulu, ce matin, te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée :
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
Marceline Desbordes-Valmore, « Les roses de Saadi », Poésies de 1830.
Poème
de l’instant
À la verticale
Quand même le ciel serait lacéré
par nos ombres meurtrières,
recousons-le avec les fils ténus,
et même usés, de nos poèmes
à la verticale de l’hiver comme de l’été
traversés de vents contraires,
gonflés d’une irréductible confiance
en l’impossible advenue.
Réginald Gaillard, Hospitalité des gouffres, « À la verticale », Éditions Ad Solem, 2020.