Marc Alyn

Marc Alyn est né en 1937, à Reims. Il entre en poésie par un coup d’éclat, recevant à vingt ans le Prix Max Jacob.
A côté de nombreux ouvrages en prose (critique, roman, théâtre), il fait paraître plus d’une quinzaine de recueils de poèmes qui le situent "au rang des plus grands", selon Alain Bosquet. Il a reçu le Prix Apollinaire en 1973 pour Infini au-delà. En 1994, il obtient le Grand Prix de Poésie de l’Académie française et le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres pour l’ensemble de son oeuvre.

"Marc Alyn forme le projet ambitieux qui le caractérise : renverser la négativité de son temps, restaurer l’ombre contre le jour, et le lyrisme contre la sécheresse : en somme faire surgir entre les mots hachés, dispersés et blanchis du présent le sens venu d’autrefois et d’ailleurs pour en nourrir cet acte de parole qu’est un grand poème. La partialité de Marc Alyn sera donc le lyrisme".
Bernard Noël

"Chacun de ses livres est un pas lui permettant d’accéder au mystère, d’exprimer l’indicible dans la clarté. Il est allé au-delà des données de la spontanéité pour écrire comme on grave, de manière durable. Chaque poème est genèse d’un monde idéal. Nocturne ou solaire, il est rayonnant. L’harmonieuse cadence le guide dans sa quête métaphysique".
Robert Sabatier
Histoire de la Poésie française
Bourse Goncourt de la poésie 2007 pour l’ensemble de l’oeuvre.

Extrait

LA BIBLIOTHEQUE DANS LE MIROIR

les chevaux des trois Mousquetaires mâchaient la
mandragore, le pavot, l’ancolie
Dans les bouquins tannés et tatoués aux fers
Où j’embarquais, mousse ou passager clandestin,
somnambule des Malaisies.
Le jour dormait en moi au long cours de la nuit
Révélant à l’aurore des Îles-fruits picorées
par la mer,
Des jardins dérivants où germait la lumière.

Je vivais des destins d’emprunt sur des planètes
oubliées de Dieu même.
Des siècles migrateurs m’emportaient vers leurs
liturgies cannibales
Où des démiurges se miraient
Dans le regard des chiens d’aveugle.

Le livre-fleuve suivait son cours.
Le livre-feu raturait sans hâte son lecteur.
Les ombres se dissimulaient au plus feuillu du
clair-obscur
Où le chat maintes fois d’un bond les dénichait,
Et c’étaient des envols à déchirer les nues
Qu’accompagnait l’horloge avec son rire aigu
Déchiquetant de ses aiguilles le temps perdu.

extrait, 2005

Bibliographie

Poésie

  • T’ang l’obscur, Mémorial de l’encre, avec 30 peintures de T’ang Haywen, Éditions VOIX D’ENCRE, 2019.
  • La combustion de l’ange, Le Castor Astral, 2011
  • Le Tireur isolé, Phi, 2010
  • Monsieur le chat, promenades littéraires, Ecriture, 2009
  • Les Miroirs voyants sur l’art contemporainn, éditions Voix d’encre, 2005
  • Le Piéton Venise, Bartillat, 2005
  • Le Silentiaire, Ed. Dumerchez, 2004
  • Mémoires provisoires, L’Harmattan, 2002
  • Le Miel de l’abîme, L’Harmattan, 1999
  • L’Oeil imaginaire, L’Harmattan, 1998
  • Nuit majeure, Infini au-delà (Prix Apollinaire), Ed. Flammarion, 1992
  • L’arche enchantée, Ed L’Atelier, 1989

Essais

  • Venise démons et merveilles, éditions Ecriture 2014