Michel Fardoulis-Lagrange
Michel Fardoulis-Lagrange naît le 9 août 1910 au Caire.
Son père Nicolas Fardoulis, originaire de Grèce et entrepreneur de travaux publics, arrive au Caire en 1883. Il y rencontre Katerina Nicolaïdis, d’origine grecque également. En 1912, deux ans après la naissance de Michel, la famille s’installe à Port-Saïd. Le jeune Michel y contracte la grippe espagnole. Remis, il retourne avec ses parents au Caire en 1920 et intègre le lycée français à l’âge de 16 ans. C’est à cette période qu’il se passionne pour l’écriture. Il écrit alors ses premières nouvelles qui sont publiées dans diverses revues en Égypte. Il a pour camarade le futur écrivain Stratís Tsírkas, de son vrai nom Yannis Hadziandréas. En 1927, il décide de voyager en Grèce en compagnie de l’un de ses amis, Georges Dimos.
Il arrive à Paris en août 1929, alors qu’il n’est âgé que de 19 ans. Il est alors plongé dans une grande misère, sans ressource. Il dira lui-même : « Quand je suis arrivé je me suis donné sans réserve à ce pays et partout j’ai été repoussé. » Malgré les difficultés, Michel entreprend des études de philosophie, puis adhère au Pari Communiste. C’est en 1935 qu’il fait la rencontre d’Albert Bringuier avec qui il correspondra jusqu’à sa mort.
Michel se marie en 1937, sa fille Monique naît en 1938. Mais la relation qu’il entretient avec sa femme est plutôt instable, si bien qu’il décide de partir vivre avec Francine de Buyl, rencontrée à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. C’est à cette période qu’il reprend l’écriture d’un récit commencé en 1930, Le Livre de Sathras. En 1939, Michel écrit Sébastien, l’enfant et l’orange qui paraît aux Éditions René Debresse en 1942 puis Volonté d’impuissance préfacé par Michel Leiris et publié aux Éditions Seghers en 1944. En 1941, un an après la naissance de son fils Pascal, qui se suicidera en 1988, Michel emménage avec Francine au 28, rue de la Tourelle à Boulogne-Billancourt.
C’est la publication de son premier roman Sébastien, l’enfant et l’orange qui lui apporte une certaine reconnaissance de la part du milieu littéraire, notamment d’auteurs tels que Paul Éluard, Michel Leiris, Jean Lescure ou encore Georges Bataille. À la fin des années 1942, Michel participe donc aux rencontres qui se tiennent rue de Lille, chez Georges Bataille. Il y rencontre notamment Raymond Queneau, Georges Limbour et Denise Rollin. C’est d’ailleurs chez Georges Bataille, mais à Vezelay cette fois, qu’il se réfugie en 1943, alors qu’il recherché par la police pour présomption de propagande communiste. Il y achève notamment son troisième livre intitulé Le Grand Objet Extérieur. Il sera tout de même arrêté, le 23 août 1943, en possession de faux papiers. Il est alors incarcéré à la Prison de la Santé. Aidé par Paul Valéry, Georges Bataille ainsi que Jean Paulhan, il évite finalement la déportation en Allemagne et trouve un poste de bibliothécaire. Il est libéré le 17 août 1944 par la Résistance.
De 1945 à 1951, il dirige, aux côtés de Jean Maquet, René de Solier et Raoul Ubac, la revue Troisième Convoi, dont le titre fait écho à la formule d’André Breton « Nous, voyageurs du second convoi ». Y sont publiés des textes d’Antonin Artaud, Georges Bataille, Yves Bonnefoy, René Char, Charles Duits, Roger Gilbert-Lecomte, Georges Henein, Francis Picabia et Marcel Lecomte, entre autres. Plus tard, Michel expliquera l’origine de cette revue :
« Nous avions fait une croix sur le sartrisme et le surréalisme, l’un pour sa conception de l’engagement, l’autre pour ses manifestations scandaleuses. Nous voulions nous situer ailleurs, dans le domaine de l’extériorité, c’est-à-dire dans le mythe du langage. »
En 1948, la famille Fardoulis emménage, sous les conseils de son ami peintre Jacques Hérold, à Oppéde-le-Vieux, dans une maison voisine de celle du sculpteur Ferdinand Marlhens. À partir de 1952, ils décident de louer puis de rénover le monastère en ruines de la Malatière, situé dans les environs d’Oppède. Les années 1950 sont également marquées par la publication de nombreux ouvrages tels que Les Hauts Faits en 1956 aux Éditions René Debresse, Au temps de Benoni, récit autobiographie parut en 1958 aux Éditions du Dragon puis Les Caryatides de l’Albinos aux éditions du Terrain Vague en 1959. Ce dernier roman est préfacé par Georges Henein qui écrit notamment : « La pensée de Michel Fardoulis-Lagrange paraît, au premier regard, porteuse de schisme et de sécession. En réalité, elle ne sépare que ce qui cache en soi une fêlure originelle. Elle réunit ce qui, de façon irréversible, est voué à l’unité. »
En 1973, grâce à une aide financière du Centre National du Livre, Michel emménage au 61 Avenue Mozart. C’est justement durant ces années qu’il écrit davantage de poèmes, aussi de forme « classique ». Ces derniers seront publiés initialement dans plusieurs revues avant d’être rassemblés dans le recueil Prairial publié en 1991 aux éditions Dumerchez.
Michel n’obtient la nationalité française qu’en 1986. Chaque année, il part voyager en Grèce, souvent à Cythère d’où sa famille est originaire. En 1992, rentrant d’un dernier voyage en Grèce, il enregistre des entretiens radiophoniques pour France Culture en compagnie du journaliste Éric Bourde.
Il meurt le 26 avril 1994, âgé de de 83 ans, à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Bibliographie
Nouvelles éditions
- Troisième Convoi, Farrago Éditions, 2004.
- Sébastien, l’enfant et l’orange, Castor Astral, 2003.
- Les Caryatides et l’Albinos, Jose Corti éditeur, 2002.
- Les Hauts Faits, Éditions Gallimard, 2002.
- Sur Mata, Le Capucin éditions, 2001.
- L’observance du même, Jose Corti éditeur, 1998.
- Apologie de Médée, Jose Corti éditeur, 1999.
- Les Enfants d’Edom et autres nouvelles, Jose Corti éditeur, 1996.
- G.B. ou un ami présomptueux, Jose Corti éditeur, 1996.
- L’inachèvement, Jose Corti éditeur, 1992.
- Le Grand objet extérieur, Castor Astral, 1988.
Roman
- Théodicée, Postface d’Éric Bourde, Calligrammes, 1984.
- L’Observance du même, Puyraimond, 1977.
- Memorabilia, Éditions Belfond, 1968.
- Les Caryatides et l’Albinos, Préface de Georges Henein, Le Terrain Vague, 1959.
- Au Temps de Benoni, Frontispice de Jacques Hérold, Éditions du Dragon, 1958.
- Les Hauts Faits, Éditions René Debresse, 1956.
- Le Texte inconnu, Éditions de Minuit, 1948.
- Le Grand objet extérieur, Éditions Vrille, 1948.
- Volonté d’impuissance, Dessins de Raoul Ubac, Préface de Michel Leiris, Éditions Seghers, 1944.
- Sébastien, l’enfant et l’orange, Éditions René Debresse, 1942.
Récits et nouvelles
- Les Années solennelles, chroniques (1945), Éditions privée Mirandole, 1997.
- Les Enfants d’Édom, José Corti éditions, 1996.
- Théorbes et bélières, Gravure de Matta, Éditions Dumerchez, 1994.
- L’Inachèvement, José Corti éditeur, 1992.
- Apologie de Médée, Calligrammes, 1989.
- Elvire, figure romantique, Hôtel Continental, Rosporden, 1986.
- Le Passeur, Atelier de l’agneau, 1974.
- G.B. ou un ami présomptueux, Le Soleil Noir, 1969.
- Les Voix, fragment de Memorabilia, Gravures de Matta, Édition de luxe, Éditions Georges Visat, 1964.
- Goliath, Éditions Fontaine, 1945/1948.
Poésie
- Par devers toi, Éditions hors commerce, 2003.
- Prairial, Illustrations de Nicole Vatinel, Éditions Dumerchez, 1992.
Correspondance
- Correspondance avec Albert Bringuier, 1942-1994, Éditions de la Mirandole, 1998.