Non je ne mourrai pas
de Jean Désy

Mourir. Malgré la vie. Malgré la joie. Mourir. Peut-être renaître un jour. Conte-poème au pays des Inuits et des coureurs de froid. Accueilli et soigné au Nunavik, l’aventurier blessé médite sur la mort, la vie et l’amour. C’est dans la toundra que le rescapé retrouvera la force de vivre.
Je vous connais gens du Nord
Bien-aimés nomades depuis des lustres
Qui parcourez cette terre
De loups-marins et d’eaux
Je vous connais mes courageux
Et même si je ne vous connaissais pas
Vous me recueilleriez en disant
Bienvenue à toi le pauvret
Celui dont la jambe traîne comme une peau
Entre qu’on te serve un thé brûlant
Viens dans la chaleur de notre abri
Point de vue de l’auteur
Mourir. Voilà notre lot, malgré la vie, malgré la joie. Mourir, mais peut-être renaître un jour. Ou peut-être accéder au néant, lieu du silence suprême. L’interrogation est majeure, fondamentale. Elle a vrillé les esprits humains depuis la préhistoire. C’est à force d’écrire, mais aussi parce que mon activité médicale m’a souvent mis en contact avec la mort, que je me suis rendu compte que l’angoisse existentielle constituait l’un de mes moteurs d’existence. J’ai vécu le plus intensément possible, en cherchant à donner de l’amour comme à rester en état d’amour, parce que, peut-être, toute cette vie qui est la nôtre n’est qu’absurdité. Peut-être. Mais de tout mon être, je veux avoir foi en mon âme comme en l’Âme du monde.
Paru le 14 janvier 2021
Éditeur : Mémoire d’encrier
Genre de la parution : Recueil
Support : Livre papier
Poème
de l’instant
Avis
Voyageurs du soir qui suivez la rumeur
Des vagues et l’étoile bleue des baies,
Gardez-vous de trop songer à vos songes
Et d’héberger pour longtemps les chagrins
Qui saccagèrent votre vie passée.
Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble
Proche et lointaine que le jour naissant
Exalte d’hirondelles et de senteurs de goyave.
Un pays à portée de cœur et de sourire
Où le désir de vivre et le bonheur d’aimer
Brûlent du même vert ardent que les filaos.
Craignez de le traverser à votre insu :
Les saisons sur vos talons brouillent le paysage ;
Mais chaque pas est la chance d’un rêve.