Notes sur la mélodie des choses et autres textes
de Rainer Maria Rilke

Traduction de Claude David et Bernard Lortholary.
Dans cette composition de jeunesse (1898) – ici enrichie de trois textes sur l’art de la même période –, se forment et se dessinent les plus grandes percées de la poétique de Rilke : de ce qui se nommera, dans les Élégies de Duino, « l’Ouvert » et « l’espace intérieur du monde ».
Et nous sommes comme des fruits. Nous sommes suspendus bien haut parmi des branches étrangement entrelacées, et nous sommes livrés à bien des vents. Ce que nous possédons, c’est notre maturité, notre douceur, notre beauté. Mais la force qui les nourrit coule à travers un seul tronc, depuis une racine qui a fini par s’étendre sur des mondes entiers. Et, si nous voulons témoigner de sa puissance, chacun de nous doit vouloir l’utiliser dans le sens qui est le plus propre à sa solitude. Plus il y a de solitaires, plus solennelle, plus émouvante et plus puissante est leur communauté.
Poème
de l’instant
Rachida debout
Rachida vient de loin, dit-on,
elle vient de très loin.
Elle a brassé les eaux,
elle a vaincu les murs,
elle a défié le ciel.
Les frontières l’ont vue passer,
elles ont baisé la tête.