On disait
On disait qu’ils visaient les enfants
Qui jouaient sur les terrains vagues
On disait qu’ils visaient les cafés
L’horizon, l’ouvert
Ils saccageaient la joie, les corps
Défiguraient l’immense
Des cerveaux devenus poreux
On disait qu’ils tarissaient les sources
Bannissaient en eux les couleurs de l’humain
Plus que tout, ils aimaient la mort
Follement noirs, des corbeaux
Annonçaient le règne de la nuit
Ils ne savaient pas
Que l’on garderait la musique en nous
Ils ne savaient pas
Qu’on emporterait en nous le rythme
Ils ne pouvaient pas
Jeter aux chiens toutes les âmes
Tuer d’un coup tous les oiseaux
On disait aussi qu’en tout lieu
Dans les rues dans les cœurs sur les places
De proche en proche
La vie gagnait comme une flamme
Malgré l’obscur, malgré le sang.
Mireille Fargier-Caruso
Poème
de l’instant
Paralipomènes
je te rétine / dans mon souffle / tu t’iris /
je t’écris /
tu me penses