Ouvre la grande la porte du ciel

Ma Desheng

Ouvre la grande porte du ciel
laisse le troupeau regagner la bergerie

ouvre grand tes bras puissants
pour embrasser tous les yeux qui existent

la ménopause de la terre est arrivée
jamais plus n’auront lieu les jours rouge vif

la mort a apporté l’aube
et ce vertige de l’attente l’amour

ne garde plus tes souvenirs putrides
serrés si fort contre toi

regarde-toi dans mes yeux
arbre dépouillé de son écorce

la nuit est si transparente qu’elle semble une feuille blanche nue
la main gauche repousse les désirs de la main droite

un chemin chiffonné qui se remet à grimper
si le soleil s’élève c’est parce que le ciel penche

les pas du silence
ont traversé le mur et poursuivent le silence

une bougie éteinte
sa flamme disparue a emporté l’obscurité

fenêtre qui regarde furieusement vers l’extérieur
et regarde avidement vers l’intérieur

quelques mots invisibles se tordent
le long des alvéoles des dents

mais ton regard comme un phare
qui nous caresse

l’amour a aiguisé ma vue
originel vouloir de l’œil

Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004, traduction Emmanuelle Péchenart

Poème
de l’instant

Il faut toujours se préparer à perdre

Mon amour découpé dans l’ensemble

Devient l’ensemble et la partie

Et la partie dans la partie

Et l’ensemble dans l’ensemble

Ludovic Villard, Il faut toujours se préparer à perdre, Le Castor Astral, 2022.