Paul Celan

Paul Celan, de son vrai nom Paul Pessach Antschel en allemand ou Ancel en Roumain, naît le 23 novembre 1920 à Cernăuți, ville à l’époque situé en Roumanie, composée de 30% de Romains, 30% d’Ukrainiens, et 30% de Juifs.
Au cœur d’une famille germanophone dans laquelle père et mère parlent allemand, Paul est tout d’abord inscrit à l’École de langue allemande qu’il quitte par la suite pour intégrer l’école juive Safah Ivriah.
Suite à sa Bar Mitsvah en 1933, Paul rejoint un groupe de jeunesse antifasciste qui publie un magazine marxiste appelé l’Étudiant rouge. À 18 ans, il part en France étudier la médecine, puis revient ensuite en Roumanie, dans l’université de Cernăuți, afin d’y suivre des cours de littérature de langue romane. C’est à cette même période qu’il commence à écrire ses premiers poèmes qu’il publie dans différents périodiques.
En 1942, son père meurt du typhus, et sa mère est assassinée, après avoir tous deux étaient internés dans un camp nazi en Transnistrie.
Un an plus tard, en 1943, Paul est lui-même déporté dans un camp de travail en Moldavie. Il y sera libéré par l’Armée rouge en 1944.
Après la guerre, Paul peut enfin débuter une activité littéraire. Il est tout d’abord traducteur et éditeur à Bucarest, usant de nombreux pseudonymes tels que Paul Aurel, Paul Ancel et Paul Celan. C’est en 1947, à Vienne, qu’il publie son premier ouvrage intitulé Le sable des Urnes. Il regagne ensuite la France, Paris, où il intègre l’École Normale Supérieure en tant que lecteur allemand et traducteur.
En 1951, il rencontre Gisèle de Lestrage avec qui il se mariera un an plus tard. En 19 ans de mariage, ils échangeront plus de sept cents lettres. Si cette relation compte beaucoup pour Paul, celle entretenue avec Ingeborg Bachmann, sa « femme aimée », compte aussi. Une importante correspondance sera d’ailleurs publiée en août 2008 par l’éditeur Suhrkamp, sous le titre Herzzeit (Le temps du cœur).
Son livre Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire), publié en 1952, assoit sa réputation de poète de l’Holocauste, d’abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Son poème le plus connu, « Todesfuge » (« Fugue de la mort ») a pour thème le sort des Juifs dans les camps d’extermination.
Paul obtient le Prix Georg-Büchner en 1960 pour lequel il prononce un discours resté gravé dans les mémoires et intitulé Le Méridien. Il y évoque l’art et la poésie.
Cinq années plus tard débuteront ses nombreux séjours en hôpitaux psychiatriques durant lesquels il écrira des textes en hébreu. C’est en 1967 qu’il rencontre Martin Heidegger duquel il attend en vain une parole pour les Juifs exterminés. Ce profond silence lui inspirera le fameux poème « Todtnauberg ».
En 1968, il rejoint le comité de rédaction de la revue L’Éphémère, aux côtés d’André du Bouchet, Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, Michel Leiris et Louis-René des Forêts.
En octobre 1969, il se rend en Israël pour y donner de nombreuses conférences.
Dans la nuit du 19 au 20 avril 1970, Paul Celan se jette dans la Seine, probablement du pont Mirabeau. Son corps sera retrouvé le 1er mai, à Courbevoie. Henri Michaux lui rend hommage dans une Méditation sur la fin de Paul Celan, poème intitulé « Le jour, les jours, la fin des jours » qui se termine ainsi : « Partir. / De toute façon partir. / Le long couteau du flot de l’eau arrêtera la parole. »
Bibliographie
Œuvres en allemand
- Der Sand aus den Urnen, (Le Sable des urnes), publié sous le nom Paul Antschel, 1948.
- Mohn und Gedächtnis, (Pavot et mémoire), 1952.
- Von Schwelle zu Schwelle, (De seuil en seuil), 1955.
- Sprachgitter, (Grille de parole), 1959.
- Die Niemandsrose, (La Rose de personne), 1963.
- Atemwende, (Renverse du souffle), 1967.
- Fadensonnen, (Soleils de fil), 1968.
Prose
- Der Meridian, (Le Méridien), Discours prononcé à la remise du Prix Georg-Büchner en 1960, 1961.
- Gespräch im Gebirg, (Entretien dans la montagne), 1959.
Recueils posthumes
- Lichtzwang, (Contrainte de lumière), 1970.
- Schneepart, (Partie de neige), 1971.
- Zeitgehöft, (Enclos du temps), 1976.
Œuvres en français
Poésie
- Schneepart, Traduction d’André du Bouchet, Mercure de France, 1978.
- La Rose de personne, Traduction de Martine Broda, Le Nouveau Commerce, 1979 ;
- Enclos du temps, Traduction de Martine Broda, Éditions Clivages, 1985.
- Pavot et mémoire, Traduction de Valérie Briet, Éditions Christian Bourgois, 1987.
- Poèmes, Tirés des recueils publiés entre 1952 et 1970, Traduction de John E. Jackson, Éditions Unes, 1987.
- Contrainte de lumière, Traduction de Bertrand Badiou et Jean-Claude Rambach, Éditions Belin, 1989.
- Strette et autres poèmes, Traduction de Jean Daive, Mercure de France, 1990.
- De seuil en seuil, Traduction de Valérie Briet, Éditions Christian Bourgois, 1991.
- Grille de parole, Traduction de Martine Broda, Christian Bourgois, 1991.
- Choix de poèmes : réunis par l’auteur, augmenté d’un dossier inédit de traductions revues par Paul Celan, Traduction et présentation de Jean-Pierre Lefebvre, Édition bilingue, Éditions Gallimard, 1998.
- La Rose de personne, Traduction révisée, Éditions José Corti, 2002.
- Renverse du souffle, Traduction de Jean-Pierre Lefebvre, Éditions de Seuil, 2003.
- Partie de neige, Nouvelle traduction de Jean-Pierre Lefebvre, Éditions du Seuil, 2007.
- Poèmes, Tirés des recueils publiés entre 1952 et 1970, Réédition composée d’une présentation de Jackson et d’un essai sur la poésie de Paul Celan, Éditions José Corti, 2007.
Prose
- Entretien dans la montagne, Traduction de Stéphane Mosès, Éditions Verdier, 2001.
- Le Méridien et autres proses, Traduction de Jean Launay, Éditions du Seuil, 2002.
- Entretien dans la montagne, Traduction de Stéphane Mosès, Réédition, Fata Morgana, 2010.
Correspondance
- Paul Celan-Nelly Sachs. Correspondance, Traduction de Mireille Gansel, Éditions Belin, 1999.
- Paul Celan / Gisèle Celan-Lestrange. Correspondance, éditée et commentée par Bertrand Badiou avec le concours d’Éric Celan, Éditions du Seuil, 2001.
- Paul Celan / Ilana Shmueli. Correspondance, éditée, commentée et traduite par Bertrand Badiou, Éditions du Seuil, 2006.
- Paul Celan / Theodor-W. Adorno, Traduction de Christophe David, Éditions Nous, 2008.
- Paul Celan / Ingeborg Bachmann. Le Temps du cœur, Correspondance, Traduction de Bertrand Badiou, Éditions de Seuil, 2011.
- Paul Celan - René Char : Correspondance (1954–1968) ; Correspondance René Char - Gisèle Celan-Lestrange (1969–1977), Édition établie, présentée et annotée par Bertrand Badiou, Éditions Gallimard, 2015.