Poéclats (caprice avec des ruines) de Martine Morillon-Carreau

Transformer la contrainte en véritable moteur de l’inspiration, son apparent ennemi intime, tel est ici le défi. La contrainte d’écriture de Poéclats, le prélèvement (chaque mot de chaque poème – sauf dans les anagrammes liminaires – a été prélevé dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Julien Gracq), joue d’emblée, par des indices suggestifs mais réticents, avec le secret d’abord préservé autour de cette contrainte et son dévoilement : les deux citations épigraphes de Gracq livrent les indices programmateurs, les anagrammes liminaires disent tout, quoique de manière cryptée – la dernière page révélant enfin au lecteur l’exacte matrice des anagrammes initiales.
M M.-C.
« ·Ce livre, entre palimpseste (le disparu sous ce qui reste) et rémanence (ce qui reste quand le tangible a disparu) se tient au bord du secret, avec vue sur lui et interdiction de le dévoiler·- le secret, si près du sacré (phonétiquement comme philosophiquement)· !· »
Jean-Louis Bernard
Poème
de l’instant
Lied vom Kindsein
Als das Kind Kind war,
ging es mit hängenden Armen,
wollte der Bach sei ein Fluß,
der Fluß sei ein Strom,
und diese Pfütze das Meer.
Als das Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins.