Poèmes dissolus de Luuk G RUWEZ

Collection Escales du Nord
poèmes traduits du néerlandais (Belgique) par Marnix Vincent
édition bilingue
Luuk Gruwez (1953) a fait ses débuts à vingt ans avec le recueil Stofzuigergedichten (Poèmes d’aspirateur), dont les poèmes narratifs frappent par leur caractère oral. Dans son œuvre, il ne craint pas les grands sentiments : sa poésie est un plaidoyer pour la sensualité, pour le courage d’être extravagant, pour le culot émotionnel, pour le lyrisme. Avec Miriam Van hee notamment, il a été considéré comme un des représentants majeurs du Nouveau Romantisme, ce courant littéraire qui, aux antipodes de la poésie expérimentale des années précédentes, a donné un nouvel élan à la poésie flamande à la fin des années 1970 en recommençant à parler de l’amour, de la mort et de la faiblesse humaine. Il dit lui-même à propos de ses débuts : « Lorsque j’étais poète débutant, j’étais un dandy qui écrivait souvent sur lui-même. C’était un moi narcissique, propre à tout poète qui se respecte. Progressivement, ce moi s’est développé pour devenir un nous plus universel. »
Poèmes dissolus propose une sélection des meilleurs poèmes de Luuk Gruwez.
Poème
de l’instant
Lettre à Lou Andréas-Salomé
9 juin 1897,
Je veux emporter dans ma nuit la bénédiction de tes mains sur mes mains et mes cheveux. Je ne veux parler à personne, pour ne pas gaspiller l’écho de tes paroles qui tremble tel un émail sur les miennes et les fait sonner plus tendres ; et, le soleil couché, je ne veux voir aucune lampe pour allumer au feu de tes yeux mille bûchers secrets…